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Les 20 jalons de l’histoire

Le plus déterminant de ces 20 jalons? Nous désignons celui-ci:

→ 18e et 19e siècles

La première maison de négociants est fondée à Beaune en 1720, la maison Champy. La fondation de la maison Bouchard suit en 1731. Les négociants émanent de la profession des commissionnaires. Assermentés, le rôle de ces derniers consistait à faire des achats et organiser la logistique d’expéditions pour le compte de clients étrangers. Au 18e siècle, dans la foulée de la libération des marchés, les négociants prennent le contrôle du marché du vin. Un aspect particulier de leurs pratiques commerciales des 17e et 18e siècles va fixer le concept des vins de La Côte tel qu’on le connait aujourd’hui: une myriade d’appellations communales et de crus. Les négociants mettent en valeur au cours de cette période des noms de marques à des vins standardisés, c’est à dire dont les marques correspondent chacune à un type de vin que la clientèle reconnait et veut voir être constant, de millésime en millésime. Destinée particulièrement au marché ‘haut de gamme’, une gamme de marques fait valoir des noms finages et de crus − Gevrey-Chambertin, Chambertin, Les Saint-Georges, Pommard, … − en guise de dénominations de produits. Ces vins de marques sont élaborés selon le principe d’équivalence: pour rencontrer avec constance les caractéristiques propres à chacune d’elle, la provenance des raisins et les intrants à la réalisation des vins peuvent et sont diversifiées. Ce sont ainsi les négociants qui, en pérennisant leurs pratiques de ‘marketing’, institutionnalisent en quelque sorte l’usage, nombreux, des noms de crus et de finage. Les Lois du début du 20e siècle sur les Appellations d’Origine les contraindront, en dépit de leur forte opposition, à lier intégralement le nom du cru, ou du finage, à l’origine des raisins.

 

→ 1er jalon: ±8e siècle

C’est plausiblement entre le 7e et le 9e siècle, que les moines bénédictins commencent à défricher et planter la vigne sur le versant de la Côte d’Or.

→ 2e jalon: 1098

Robert de Molesme crée l’ordre moniale des Cisterciens et fonde l’Abbaye de Cîteaux, située à une dizaine de kilomètres à l’Est de Vosne-Romanée. Les Cisterciens entreprennent promptement et non moins résolument le développement de leur vignoble sur La Côte, en constituant en premier lieu le Clos de Vougeot.

→ 3e jalon: à partir du 12e siècle

Vers 1125, des donations de parcelles aux Cisterciens par quelques particuliers − certainement en contrepartie de la paix de leur âme! − constituent la première étape de construction du Clos de Vougeot, dans sa partie basse. Le premier bâtiment, le cellier, est construit entre 1160 et 1170. La cuverie et ses pressoirs sont mentionnés pour la première fois dans un texte de 1175. Un premier périmètre est ceinturé vers 1330. Le Clos atteint sa configuration actuelle au plus tard au début du 15e siècle. L’architecture du Château devient assez définitive vers le milieu du 16e siècle.

clos-de-vougeot-planLes lieux-dits du Clos de Vougeot

Plusieurs autres institutions religieuses participent au développement du vignoble de la Côte. Notamment, le Clos de Tart est fondé en 1141 par les moniales bernardines de l’Abbaye de Tart, une dépendance de l’Abbaye de Cîteaux. Ce Clos n’a jamais été morcelé depuis.

→ 4e jalon: 1576

Le conseil municipal de Beaune oblige la dégustation, le marquage et le jaugeage des tonneaux en tant que garantie d’origine. Ce sont des officiers assermentés, les courtiers-jurés, qui ont l’autorité sur le commerce avec l’extérieur. À Dijon ce sont des ‘gourmets’ qui déterminent les vins qualifiés à la marque ‘Vin de Dijon’ (vins du Dijonnais).

5e jalon: fin du 16e et début du 17e siècle

Le vin ‘issu de raisin à peau rouge’ subit une métamorphose. Jusque-là de couleur atténuée en raison du peu d’extraction et d’un élevage sommaire, du genre ‘clairet’ ou ‘vermeil’, il sera dorénavant cuvé plus longuement, prenant ainsi davantage de couleur et de corps. L’élevage est aussi de plus en plus long.

→ 6e jalon: 17e et 18e siècles

Les vins sont graduellement hiérarchisés, les appellations sont en germination. Les vins étaient auparavant identifiés à la ville-pôle à laquelle leur lieu d’origine était rattaché: vin de Beaune, vin de Nuits et vin de Dijon. Ainsi, à titres d’exemples, les vins provenant du finage de Volnay (alors Volleney) étaient commercialisés sous la marque ‘Vins de Beaune’, tandis que les vins de Marsannay-la-Côte l’étaient sous la marque ‘Vins de Dijon’. / Aussi, et de façon tout aussi déterminante, conçus auparavant de façon élémentaire, en quasi-rosés en quelque sorte, les vins sont davantage cuvés au 18e siècle, cela d’abord en Côte de Nuits, et gagnent ainsi en couleur et en structure.

→ 7e jalon: 1791-1793 / 1804

Subséquente à la Révolution, la vente des ‘Biens publics’ comporte la disposition par encan d’un patrimoine considérable de parcelles réputées, ayant été confisquées à la noblesse et au clergé (1361 ha de vignes). Les acquéreurs sont principalement des spéculateurs parisiens et des maisons de négociants, ces dernières consolidant leur propre vignoble.
Promulgué en 1804, le Code Napoléon, le ‘code civil’, instaure lors des successions familiales la règle de partage entre tous les enfants, et non plus strictement à l’ainé. La propriété du vignoble se fragmentera graduellement par la suite.

→ 18e et 19e siècles

La première maison de négociants est fondée à Beaune en 1720, la maison Champy. La fondation de la maison Bouchard suit en 1731. Les négociants émanent de la profession des commissionnaires. Assermentés, le rôle de ces derniers consistait à faire des achats et organiser la logistique d’expéditions pour le compte de clients étrangers. Au 18e siècle, dans la foulée de la libération des marchés, les négociants prennent le contrôle du marché du vin. Un aspect particulier de leurs pratiques commerciales des 17e et 18e siècles va fixer le concept des vins de La Côte tel qu’on le connait aujourd’hui: une myriade d’appellations communales et de crus. Les négociants mettent en valeur au cours de cette période des noms de marques à des vins standardisés, c’est à dire dont les marques correspondent chacune à un type de vin que la clientèle reconnait et veut voir être constant, de millésime en millésime. Destinée particulièrement au marché ‘haut de gamme’, une gamme de marques fait valoir des noms finages et de crus − Gevrey-Chambertin, Chambertin, Les Saint-Georges, Pommard, … − en guise de dénominations de produits. Ces vins de marques sont élaborés selon le principe d’équivalence: pour rencontrer avec constance les caractéristiques propres à chacune d’elle, la provenance des raisins et les intrants à la réalisation des vins peuvent et sont diversifiées. Ce sont ainsi les négociants qui, en pérennisant leurs pratiques de ‘marketing’, institutionnalisent en quelque sorte l’usage, nombreux, des noms de crus et de finage. Les Lois du début du 20e siècle sur les Appellations d’Origine les contraindront, en dépit de leur forte opposition, à lier intégralement le nom du cru, ou du finage, à l’origine des raisins.

→ 9e jalon: 1851

Tenue de la première vente aux enchères des Hospices de Beaune. Les Hospices ont été créés en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier du Duc Philippe le Bon, et son épouse Guigone de Salins. La première donation de vignes a été faite en 1459. Aujourd’hui, la superficie totale du vignoble des Hospices est approximativement de 60 hectares, surtout en Premiers et Grands Crus, principalement en Côte de Beaune.

hospicesbeaune1Vente des Hospices de Beaune, Novembre 2015

→ 10e jalon: 1855

Jules Lavalle (photo ci-contre) réalise son ‘Histoire et Statistique de la Vigne et des Grands Vins de la Côte d’Or’. Cet ouvrage qui deviendra une référence majeure comporte un premier essai de hiérarchisation systématique des climats. Les classements du Dr. Lavalle et du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 1860 sont les piliers de la hiérarchie actuelle des AOC bourguignonnes.

→ 11e jalon: 1860

Le Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune en Côte d’Or produit la première classification formelle des climats de La Côte. La cartographie de ce classement est réalisée en 1861. Les classements de Jules Lavalle et du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune sont les piliers de la hiérarchie actuelle des AOC.

→ 12e jalon: 1878 à la fin du 19e siècle

Le puceron phylloxera vastatrix dévaste le vignoble de la Côte d’Or. L’après crise donne lieu à des changements majeurs en viticulture et a des effets malsains au sein du marché: les replantations se font en rangs, sur porte-greffes américains et selon la taille Guyot, cela alors que les négociants continuent de falsifier les vins et à engendrer ainsi une autre crise, l’amenuisement de débouchés pour la production locale.

→ 13e jalon: début du 20e siècle

En vertu de la Loi Waldeck-Rousseau de 1884 relative à la formation de syndicats, le syndicalisme viticole devient graduellement un cadre de développement corporatiste pour les vignerons. Vers 1905, les syndicats replient systématiquement leur action à l’échelle locale, communale, pour combattre d’abord la fraude, puis pour requérir des Appellations d’Origines (AO) lorsque survient la Loi du 6 mai 1919.

→ 14e jalon: 6 mai 1919

Promulgation de la Loi sur la ‘Protection des Appellations d’Origine’. Tout vin peut être associé à une ‘appellation d’origine (AO)‘. Ladite Loi fait intervenir les tribunaux civils en tant qu’instances pour fixer les ‘Appellations d’Origine’, cela en vertu du principe d’antériorité, c’est à dire selon les ‘bons usages locaux, loyaux et constants’. ‘Montrachet’ est la première ‘Appellation d’Origine’ (non pas ‘AOC’) à être fixée le 17 février 1921 par le Tribunal de Beaune.

→ 15e jalon: 22 juillet 1927

Promulgation de la Loi ‘Capus’ qui renforce celle de 1919 par l’introduction de la notion d’encépagement dans les délimitations d’appellations.

→ 16e jalon: 30 juillet 1935

Promulgation de la Loi des Appellations d’Origine Contrôlée, les AOC. Le Comité National des Appellations d’Origines (CNAO) est créé. Organisme non-gouvernemental doté de la personnalité civile, il est chargé d’un service public, celui de fixer les Appellations d’Origine Contrôlée. Le CNAO consulte entre autres des experts et arbitre après avoir examiné les argumentaires des intervenants concernés. En Bourgogne, l’appellation Morey-Saint-Denis est la première ‘AOC’ à être désignée le 8 décembre 1936.

→ 17e jalon: 14 octobre 1943

Un décret instaurant la nouvelle catégorie des Premiers Crus, strictement pour le millésime 1943! Ce niveau est néanmoins maintenu par la suite.

→ 18e jalon: années 1940

La production des viticulteurs impliqués dans le mouvement syndicaliste est largement boycottée par les négociants. Ces producteurs deviennent des pionniers de la mise en bouteille à la propriété. L’importateur américain Frank Schoonmaker entreprend aux États-Unis le commerce de ‘vins mis en bouteilles à la propriété’. Le fondateur de La Revue du Vin de France, Raymond Baudoin, fut un entremetteur essentiel.

→ 19e jalon: années 1970

La mise en bouteille à la propriété se développe résolument à partir des années 1970 et acquiert progressivement la dynamique de marché qu’on lui connaît aujourd’hui.

→ 20e jalon: 2015

Les climats du vignoble de Bourgogne‘ sont inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

unesco

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