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Cône alluvial (ou cône de déjection)

‘Cône alluvial’ ou ‘cône de déjection’.

Le long versant de La Côte −  ± 65 km de longueur − est entaillé de multiples combes, des vallées sèches pour la plupart. Au cours des époques périglaciaires, notamment lors de la dernière il y a une vingtaine de milliers d’années, depuis les amonts, des torrents d’eau printaniers générés par les fontes de la couche superficielle des glaciers ont dévalé les talwegs des combes en charriant dans leur flot des matériaux de l’érosion, notamment ceux causés par la cryoclastie. La perte de puissance des torrents aux débouchés des combes sur La Côte a induit le délestage (déjection) des éléments charriés, constituant par récurrence annuelle des superpositions de masses d’alluvions. Ces dépôts alluviaux superposé, considérables, se présentent généralement en formes de lobe ou d’éventail, d’épaisseur variant de quelque dizaines de centimètres à quelques mètres selon les endroits.
L’ampleur d’un cône est tributaire, d’une part, du débit du torrent, lequel est directement associé à l’ampleur du bassin versant rattaché à la combe et, d’autre part, à la vitesse du torrent, laquelle dépend particulièrement de la déclivité du
talweg dans lequel circule le flot.
Les sols engendrés par les cônes alluviaux sont des matrices limono-argileux amalgamant des cailloux, galets et pierres calcaires de toutes tailles. Des sols très propices à la viticulture.
Les cônes alluviaux appartiennent à la catégorie géologique ‘formations superficielles‘.
D’ordre général, la superficie des cônes alluviaux liés aux combes d’envergure moyenne couvre de 0,5 à 0,75 kilomètre/carré. Les combes majeures, tel la combe Lavaux de Gevrey-Chambertin, couvre plus de deux km2.
Il importe de souligner qu’en géologie et pédologie actuelles, une formation superficielle constitue la ‘roche-mère‘, le matériau parental, de son lieu, substituant ainsi à cette dénomination le substratum rocheux sous-jacent.

 

Cône de déjection selon Campy, 2017

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Cône alluvial, ou cône de déjection expliqué par Françoise Vannier, géologue, spécialiste de La Côte.

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À la suite, la carte de la géologie montrant les nombreux cônes de déjection, ou cône alluviaux (‘Alluvions: cailloutis de cône’ selon la légende), associés aux combes des communes successives de Couchey, Fixin (quartiers de Fixey et Fixin) et Brochon. Carte tirée du rapport ‘Caractérisation physiographique, géologique et pédologique du vignoble de Fixin et du nord de Brochon’ produit en 2017 par ADAMA. À chaque combe correspond un cône.

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À la suite, la carte de la géologie de l’aire de Gevrey-Chambertin, montrant le gigantesque cône alluvial associé à la combe de Lavaux. Carte tirée du rapport ‘Caractérisation physiographique, géologique et pédologique du vignoble de Fixin et du nord de Brochon’ produit en 2017 par ADAMA. La taille considérable de ce cône s’explique par l’envergure du bassin versant du cours d’eau circulant dans le talweg de cette combe, dont le dénivelé est de plus de 200 mètres.

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Sur les nobles terroirs (AOP communales, Premiers Crus et Grands Crus) de La Côte, les contextes de cônes alluviaux se constatent-ils surtout sur les aires en AOP communales?
Cela se vérifie en effet sur l’aire en appellation communale de Fixin qui s’appuie sur quelques cônes alluviaux et sur l’immense secteur en AOP ‘Gevrey-Chambertin’ déposé sur le très considérable cône de déjection rattaché à la combe de Lavaux, de même que sur de multiples secteurs en piémont de toutes les autres communes de la Côte de Nuits. Cependant …
À Morey-Saint-Denis, le cône alluvial de la combe de l’endroit, étalé très largement en partie basse du versant, accueille de nombreux Premiers Crus de la commune: Les Milandes, Les Faconnières, Les Charrières, Clos des Ormes, La Riotte, Les Blanchards et Clos Sorbé.
À Chambolle-Musigny, de larges sections respectivement des Premiers Crus Les Feusselottes, à mi-pente, et de Les Charmes, bas de pente et piémont, reposent sur des cônes alluviaux.
À Vosne-Romanée, une moitié du Premier Cru Les Suchots est sur un cône alluvial.
À Nuits-Saint-Georges, le fameux Premier Cru ‘Les Saint-Georges’ est manifestement déposé sur un cône alluvial (aucune étude géologique le démontre).
Si les Grands Crus sont majoritairement situés au milieu ou en partie haute du versant, en retrait des combes, certains s’appuient toutefois, en bonne partie, sur des cônes alluviaux: le Mazoyères-Chambertin sur le cône alluvial de la combe Grisard; aussi des parties des Echézeaux, du Grands Echézeaux et du Clos de Vougeot, lesquels se situent au débouché de la combe d’Orveau.
Bref, au plan physiographe, en s’étirant en faible pente du bas du versant jusqu’à l’orée de la plaine, soit jusqu’à la route D974 (Dijon-Beaune), les Grand Cru Clos de Vougeot et Mazoyères-Chambertin  sont des cas distinctifs.