Date de publication:

GC Grands Echézeaux et Echézeaux

mise en ligne: mars 2021

Doit-on dire, ou écrire, Flagey-Echézeaux ou Flagey-Échezeaux comme sur la carte à la suite, issue du site formel vin-bourgogne.fr?! Soulignons que la commune se désigne elle-même Flagey-Echézeaux et que le référentiel ouvrage ‘Lieux-dits et climats des grands vignobles de Bourgogne’ de Sylvain Pitiot énonce aussi Flagey-Echézeaux. Toujours est-il que des compromis s’observent sur maintes étiquettes: ‘Echezeaux’ ou encore ‘Échézeaux’ comme sur l’étiquette du Domaine de la Romanée-Conti!

 CONTENU:
1 ⇒ Cartographie de mise en situation
1.1 → Mosaïque des lieux-dits
1.2 → Contexte des deux Grands Crus
1.3 → ‘Puzzle’ des communes environnantes
2 ⇒ Un peu d’histoire: ‘Vignes des Echezeaux’ des moines de Cîteaux
3 ⇒ Physiographie singulière

4 ⇒ Coup d’œil sur la géologie
4.1 → Carte géologique des finages de Vosne-Romanée et Flagey-Echézeaux
4.2 → Observations

5 ⇒ Classements historiques des Grands Crus Grands Echézeaux et Echézeaux
5.1 → Nomenclature des classements historiques
5.2 → Mérites respectifs des Grands Echézeaux et des Echézeaux par lieu-dit
5.3 → Mérites attribués respectivement aux Grands Crus de La Côte

6 ⇒ Grand Cru Grands Echézeaux: close up
7 ⇒ Grand Cru Echézeaux: close up
8 ⇒ Bibliographie

 

1 ⇒ Cartographie de mise en situation

1.1 → Mosaïque des lieux-dits

Carte du BIVB illustrant le vignoble de la commune de Flagey-Echézeaux.
Tous les lieux-dits, onze, illustrés en rouge, forment le Grand Cru Echézeaux, à l’exception bien entendu de ‘Les Grands Echézeaux’ qui est un Grand Cru par lui-même.


1.2 → Contexte des deux Grands Crus

Vignoble de la partie septentrionale de la commune de Nuits-Saint-Georges:

Secteur Nord du vignoble sous
‘Nuits-Saint-Georges Premier Cru’

Secteur Nord du vignoble
sous AOC ‘Nuits-Saint-Georges’

Vignoble de la commune de Vosne-Romanée:

Grands Crus
(La Romanée, Romanée-Conti, Romanée-Saint-Vivant, Richebourg, La Tâche et La Grande Rue)

Secteurs de la commune sous
‘Vosne-Romanée Premier Cru’

Secteurs de la commune
sous AOC ‘Vosne-Romanée’

Vignoble de la commune de Flagey-Echézeaux:

Grands Crus
(Grand Echézeaux et Echézeaux)

Premiers Crus de la commune
repliés sous AOC ‘Vosne-Romanée Premier Cru’

Secteur de la commune
replié sous AOC ‘Vosne-Romanée’

Vignoble de la commune de Vougeot:

GC Clos Vougeot
(considérable portion
de la commune)petit périmètre sous ‘Vougeot Premier Cru’
 Le GC ‘Le Musigny’ à l’extrémité méridionale
de la commune de Chambolle-Musigny:

GC Le Musigny

 

En retrait de son vignoble, le village de Flagey-Echézeaux (au bas de l’illustration) est distant de plus de 1,2 kilomètre des premières vignes nobles sur son territoire, homologuées en AOC ‘Vosne-Romanée’.

Nombreux sont les œnophiles qui concoivent que les crus Echézeaux et Grands Echézeaux sont rattachés à la commune de Vosne-Romanée, alors que ceux-ci sont plutôt situés sur le territoire de la commune de Flagey-Echézeaux, dont le village est situé en retrait, dans la plaine de la Saône. Ce village n’est toutefois pas vigneron, ou bien peu. Présentement, seuls les domaines Emmanuel Rouget, Bruno Desaunay-Bissey et Coquard/Loiseau/Fleurot y sont établis.
Le village de Vosne-Romanée est essentiellement vigneron et la majorité des détenteurs de vignes sur les Echézeaux et Grands Echézeaux sont d’ailleurs établis à Vosne.


1.3 → ‘Puzzle’ des communes environnantes

 Le village de Flagey-Echézeaux est situé dans la plaine de la Saône. Une  portion de son territoire, à l’Ouest, englobe un segment de La Côte, celui des Grands Crus Echézeaux et Grands Echézeaux. Il est à remarquer que le commune de Vougeot, laquelle est occupée en très large partie par le Clos de Vougeot, paraît empiéter, considérablement, sur le territoire de Flagey-Echézeaux pour ne laisser à cette commune qu’un étroit corridor d’accès aux Grands Crus. Dans ce ‘corridor’ sont logés des climats repliés en AOC ‘Vosne-Romanée’ (la mention ‘Les Chandelins’ figure dans ce ‘corridor’).



2 ⇒ Un peu d’histoire: ‘Vignes des Echezeaux’ des moines de Cîteaux

 

Nommée ‘Vignes du territoire et dépendances du cellier de Vougeot situées au dessus de celles-ci’, cette illustration est tirée du Grand Atlas des propriétés de Cîteaux (1718-1730), document conservé aux archives de Bourgogne à Dijon. «Tant les contours des crus sont restés inchangés, ce document pourrait presque être reproduit au calque sur le cadastre actuel » écrit Jean-François Bazin (‘Romanée-Conti’ de 1994).
Illustration figurant dans l’impressionnant recueil (ci-contre) de cartes ‘Historique de la cartographie des grands vignobles de Bourgogne’ de Henri Ponsot.
En fait, l’illustration juxtapose deux cartes dont les échelles sont pourtant différentes:
La partie du haut est à l’échelle de ±1/ 11 000 (‘Vignes du territoire et dépendances du cellier de Vougeot situées au dessus’): Le Grand Cru ‘Grands Echézeaux’ y est désigné sous ‘Les Echezeaux Bas’, sa désignation de l’époque. Aussi, six des onze crus, des lieux-dits, constituant présentement le Grand Cru Les Echézeaux figurent dans ce plan du 18e siècle: Les Echézeaux du Dessus, Les Poulaillères, Les Champs Traversins, Les Rouges du Bas, Les Beaux Monts Bas et En Orveaux. Les Echézeaux des moines de Cîteaux correspondaient à ce périmètre.
La partie du bas est à l’échelle est de ±1 / 7 500: Celle-ci montre le périmètre du Clos de Vougeot. Associé à la mention ‘b’, le château du Clos de Vougeot y est délimité. L’endroit indiqué ‘Vignes des Echezeaux’ correspond au GC actuel ‘Grand Echézeaux’.

Un close-up sur la partie supérieure de l’illustration précédente. Seuls six des onze crus, des lieux-dits, constituant présentement le Grand Cru Les Echézeaux figurent dans ce plan des ‘Vignes des Echezeaux’ du 18e siècle: Les Echézeaux du Dessus, Les Poulaillères, Les Champs Traversins, Les Rouges du Bas, Les Beaux Monts Bas et En Orveaux. Les Echézeaux des moines de Cîteaux correspondaient à ce seul périmètre.

Acquises au fil de siècles, par donations de particuliers, échanges et achats, ces vignes furent remembrées par les moines. L’exploitation des ‘Vignes des Echézeaux’ était rattachée par les moines à celle du Clos de Vougeot. Jean-François Bazin précise que « Contrairement au Clos de Vougeot conservé en faire-valoir direct, le secteur des Echezeaux de Cîteaux se trouve dès le 18e siècle et probablement depuis longtemps cédé à la propriété civile selon des baux à cens. Ceux-ci reconnaissent aux locataires la détention du bien, son exploitation, sa transmission, sous réserve de redevances perpétuelles…. À la veille de la Révolution, Cîteaux a donc perdu le contrôle de sa ‘vigne des Echezeaux’…, comme la vente des biens nationaux concerne directement les terres exploitées par l’abbaye et non celles passées en d’autres mains par beaux à cens, ces parcelles vont rester entre les mains des détenteurs de baux ancestraux. »



3 ⇒ Physiographie singulière

Les Grands Echézeaux et Les Echézeaux sont situés directement au débouché d’une vallée sèche, la Combe d’Orveaux. Les illustrations à la suite exposent ce contexte géographique assez singulier pour des Grands Crus.
Les Grands Echézeaux et, surtout, le Grand Cru Clos de Vougeot qui le prolonge vers le bas du versant, comportent des pentes particulièment faibles. En fait, quant à l’aspect de la déclivité, ces deux derniers Grands Crus contrastent avec la plupart des autres Grands Cru de la Côte de Nuits (voir le tableau placé immédiatement à la suite). Il est concevable que le bon drainage du sous-sol de ces deux GC, une formation superficielle nommée ‘cône alluvial’ (voir ‘géologie’ à la suite), compense pour le défaut de déclivité.

Deux cartes qui se complètent en quelque sorte.
La carte de gauche issue du geoportail de France illustre les lignes de niveau selon des intercalaires de cinq mètres; la combe d’Orveaux s’y appréhende nettement.
La carte de droite, captée du livre ‘Inside Burgudy’ de Jasper Morris, indique les climats; aussi les lignes de niveau selon cependant des équidistances de vingt mètres.

Situés au débouché de la combe d’Orveaux, plusieurs lieux-dits du GC Echézeaux sont plausiblement sous l’influence des courants d’air relativement plus frais circulant dans celle-ci depuis l’Ouest. En Orveaux et les Poulaillères sont directement soumis à ces courants qui décalent certainement quelque peu la maturation des raisins.
Aussi, les flancs du débouché de la combe modifient les expositions des lieux-dits qui s’y logent. Notamment, le lieu-dit En Orveaux s’étend sur les deux flancs, si bien que les expositions de celui-ci y sont contrastées. Du point de vue physiographique, En Orveaux apparait particulièrement disparate.

Tableau des données physiographiques respectifs des Grands Crus de la Côte de Nuits. Les données de ce tableau sont produites par monocepage.
La pente des Grands Crus Grands Echézeaux et Clos de Vougeot, ±2% à ±5% (cliquez ci-contre pour agrandir), est particulièrement faible comparativement à la majorité des autres Grands Crus de la Côte de Nuits.



4 ⇒ Coup d’œil sur la géologie

4-1 → Carte géologique des finages de Vosne-Romanée et Flagey-Echézeaux

Carte tirée de ‘De l’intérêt de spatialiser les données pour une caractérisation des terroirs viticoles. Exemples des Côte-de-Nuits et Côte-de-Beaune‘, produite en 2008 par Anne Combaud, sous la supervision notamment du réputé professeur Jean-Pierre Garcia.
Étant donné le seul commentaire figurant à la suite, autrement dit sans disponibilité d’annexe(s) ou rapport d’accompagnement afférent à la géologie, nous considérons que cette carte géologique est à être consultée avec une certaine réserve:




4.2 → Observations

• Les formations observées sur Vosne-Romanée et Flagey-Echézeaux s’inscrivent nettement dans le contexte de l’ensemble de la Côte de Nuits.

• Selon cette carte géologique, la totalité du GC Les Grands Echézeaux et une large partie du GC Echézeaux repose sur la formation superficielle nommée  ‘cailloutis de cône’, ou encore ‘cône de déjection’.

Une formation superficielle, tel ‘cailloutis de cône’ (ou ‘cône alluvial’), représente le matériau parental du milieu. C’est à dire que le sol accueillant le réseau racinaire des vignes résulte (est apparenté) principalement de la délitation, ou désagrégation, du matériel rocheux de cette formation superficielle. Du coup, le substratum rocheux sous-jacent (sous la formation superficielle), ne représente plus la roche-mère. Certains professionnels de la géologie et de la pédologie substituent le terme ‘roche-mère’ par ‘matériau parental’.

Des ‘cônes alluviaux’ s’observent dans les prolongements des débouchés de chaque combe de La Côte. La photo ci-contre montre nettement la combe d’Orveaux, une vallée sèche (issue du très intéressant site mappavini.com)/ cliquez sur l’illustration pour l’agrandir. Entre autres à la dernière époque périglaciaire, il y a une vingtaine de milliers d’années, les eaux de fonte printanières canalisées dans le talweg de la combe ont charrié des débris pierreux qui furent épandus, délestés, dans le prolongement du débouché de la combe sur le versant. Cet épandage pierreux, désigné sous cône alluvial − ‘cailloutis de cône’ selon la légende ci-haut −, a recouvert une large partie des Grands Crus Echézeaux et Grands Echézeaux, et certainement aussi une partie importante du Clos de Vougeot.

√ Pour des informations sur les différentes formations indiquées sur la carte géologique, nous vous référons au chapitre 5 de Les formations constitutives du sous-sol de Morey-Saint-Denis‘.

√ La série géologique à la suite, afférente à le géologie de Morey-Saint-Denis, est tout aussi révélatrice de la séquence des formations rocheuses présentes sur le vignoble de Vosne-Romanée et Flagey-Echézeaux.

À l’époque jurassique, le lieu où se situe la Côte d’Or fut entièrement recouvert par une mer. Pendant des millions d’années, cette mer a eu des épisodes qui ont respectivement donné lieu à l’accumulation de dépôts marins distinctifs qui se sont calcifiés. Ce mille-feuille de sédimentations renferme les divers calcaires et marnes qui compose la série lithologique de La Côte.
Le forage d’Argilly, réalisé dans la plaine de la Saône à une dizaine de kilomètres à l’Est de Nuits-St-Georges, apporte une référence, un étalon de la série lithologique de La Côte.
La séquence lithographique de l’illustration est la section du forage référentiel d’Argilly correspondant au contexte géologique du finage de Morey-Saint-Denis et tout aussi bien à celui de Flagey-Echézeaux/Vosne-Romanée. Les formations rocheuses les plus âgées se retrouvant bien entendu au dessous.



5 ⇒ Classements historiques des Grands Crus Grands Echézeaux et Echézeaux

5-1→ Nomenclature des classements historiques

Classement de Jules Lavalle (1855)
Le Dr Jules Lavalle a rédigé ‘Histoire et Statistique de la Vigne et des Grands Vins de la Côte d’Or’ en 1855. L’ouvrage est une référence majeure car il contient le premier essai de classement complet des climats de la Côte d’Or. Ce classement est réalisé par commune, par finage. La catégorisation comprend surtout cinq classes: ‘Tête de Cuvée’, ‘Première’, ‘Seconde’, ‘Troisième’ et ‘Quatrième Cuvée’. Jules Lavalle utilise aussi ponctuellement la mention ‘Hors Ligne’ en certains endroits (particulièrement sur Clos de Vougeot, Corton et Prémeaux-Prissey). Il indique en page 92 de son ouvrage que les ‘têtes de cuvée‘ et les ‘hors ligne‘ sont dans la même classe, sans toutefois mentionner les particularités ou circonstances associées aux attributions des cotes ‘hors ligne’. Sur un aspect délicat de son classement, celui de l’éventuelle comparaison des classes identiques d’un finage à l’autre (exemple: les climats en ‘Première Cuvée’ sur Gevrey par rapport aux ‘Première Cuvée’ sur Beaune), Jules Lavalle a écrit “Je n’ai étudié les vins de chacune des communes de la Côte comme si les autres communes n’eussent pas existé et la classification que j’ai donnée n’est vraie que pour chacune d’elles prises isolément.” Le monumental travail de Jules Lavalle contient aussi le premier exercice, rigoureux, de cartographie de La Côte.

Classement du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’Arrondissement de Beaune (1860)
Le Classement de 1860 du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’Arrondissement de Beaune fut produit pour la promotion des vins de Bourgogne lors de l’exposition universelle de Londres de 1862. L’arrondissement de Beaune est un des cinq arrondissements du département de la Côte d’Or. Voici quelques extraits des notices liées audit classement: « Non seulement chaque commune, mais encore chaque climat, et souvent chaque parcelle a été l’objet d’un examen consciencieux de la part de cette Commission qui a puisé ses renseignements aux meilleures sources. De plus, avant d’être définitivement arrêté, le classement de chaque commune a été soumis à une enquête publique par M. le Préfet de la Côte-d’Or. / Les observations recueillies dans les diverses localités ont été l’objet d’un nouvel examen très approfondi et le classement a été modifié en vertu des observations qui ont été reconnues fondées. Nous osons donc le dire, le plan que nous publions présente toutes les garanties désirables de sincérité et d’exactitude. / La première classe comprend les vignes qui ont paru réunir à un haut degré toutes les conditions voulues pour produire un vin de choix; ce qu’on appelle ordinairement les têtes de cuvées et premières cuvées. La seconde classe (vulgairement nommée secondes cuvées) comprend les vignes placées dans des conditions un peu moins favorables, par rapport à la nature du sol, à son exposition, à son inclinaison. La troisième classe (troisièmes cuvées) les vignes qui, tout en produisant des vins dignes d’être classés parmi les vins fins, se trouvent placées sur l’extrême limite des bons climats. »
L’arrondissement de Beaune regroupe les finages de Santenay à Vougeot; l’arrondissement de Dijon comprend les finages de La Côte situés au Nord de Vougeot, soit de Chambolle-Musigny jusqu’à Marsannay-la-Côte.

La section couvrant Flagey-Echézeaux et Vosne-Romanée de la planche cartographique (produite en 1861) du classement de 1860 du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune. Première classe en rose / deuxième classe en jaune / troisième classe en vert.

Classement de Camille Rodier (1920)
Dans son ouvrage important ‘Le Vin de Bourgogne’, Camille Rodier, co-fondateur, avec Georges Faiveley, de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, écrit « Nous tenons à ce qu’il soit établi que nous n’avons pas cherché à faire un classement nouveau, mais que le travail que nous présentons aux lecteurs résultent de deux classements faisant autorité à des titres différents, savoir … » et il nomme les classements de Jules Lavalle (1855) et du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 1860. Il n’en adapte pas moins de temps à autre ces deux classements, avec justesse, d’autant que les valeurs des climats étaient certainement encore mieux connues quelques décennies après les classements historiques de Jules Lavalle et du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 1860. Le classement de Camille Rodier doit également être considéré tel une référence majeure.

Inscrite dans ‘Le vin de Bourgogne’ de Camille Rodier, la carte de Flagey-Echézeaux et Vosne-Romanée afférente au classement de celui-ci en 1920. Première classe en bleu / deuxième classe en jaune / troisième classe en vert.

• Classement de Jasper Morris (2010)
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un classement historique, nous avons jugé bon de l’inclure. Dans son livre de 2010, ‘Inside Burgundy’, Jasper Morris attribue un classement à tous les climats homologués en Grands Crus et en Premiers Crus. De façon générale, il appuie leur statut formel. Toutefois, dans certains finages il prime certains Premiers Crus et/ou Grands Crus en leur octroyant la mention ‘outstanding’ ou ‘exceptional’; et en contrepartie il atténue le classement formel de certain climats.


5.2→ Mérites respectifs des Grands Echézeaux et des Echézeaux par lieu-dit


5.3 → Tableau des mérites attribués respectivement aux Grands Crus de La Côte

NOTES:
Note 1: La classification du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 1860 couvre aussi quelques finages de la Côte de Nuits localisés dans l’arrondissement de Dijon, soit ceux de Chambolle-Musigny, Morey-St-Denis et Gevrey-Chambertin. Il y est précisé, judicieusement, que pour «l’arrondissement de Dijon (le classement a été effectué) par une société de viticulteurs». L’arrondissement de Beaune regroupe les finages de Santenay à Vougeot et l’arrondissement de Dijon comprend les finages de La Côte situés au Nord de Chambolle-Musigny inclusivement.
Pour les finages de Gevrey-Chambertin et Morey-St-Denis, le classement obtenu de l’exercice ‘d’une société de viticulteurs‘ sur le finage ne nous pas apparu suffisamment pertinent pour en citer les éléments.
Ladite mention figure sur la planche cartographique de la classification du Comité de Beaune ‘dessinée par M.L. Bonnamas / ÉD BATAULT MOROT, ÉDITEUR À BEAUNE / 1867′.

Note 2: Le climat Mazoyères-Chambertin est généralement replié sous Charmes-Chambertin.

Note 3: Si la classification de Jules Lavalle pour Morey-Saint-Denis apparait assez sévère, en revanche celle de Camille Rodier en 1920, autre référence majeure, apparait bien généreuse. Rodier attribue entre autres des cotes de ‘Première Cuvée’ ou de ‘Deuxième Cuvée’ à la plupart des Premiers Crus actuels et celle, certainement excessive, de ‘Tête de Cuvée’ au Clos des Lambray. Bref, il y a certainement lieu d’éprouver une certaine perplexité vis-à-vis les classements de Lavalle sur Gevrey-Chambertin et Rodier sur Morey-Saint-Denis.

Note 4: Le lieu-dit Les Chaffots comprend une partie de 2,62 hectares en Premier Cru et une partie de 1,40 hectares en Grand Cru, dont une section de 1,34 hectares dans le Clos Saint-Denis et une autre de 0,07 hectare dans le Clos de la Roche.

Note 5: Une partie de 1,52 hectare du Grand Cru Bonnes Mares s’inscrit sur le territoire de Morey-Saint-Denis; la plus grande partie de ce GC, 13,54 hectares, est cependant sur le territoire de la commune voisine de Chambolle-Musigny.

Note 6: La classification du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 1860 couvre aussi quelques finages de la Côte de Nuits localisés dans l’arrondissement de Dijon, soit ceux de Chambolle-Musigny, Morey-St-Denis et Gevrey-Chambertin. Il y est précisé, judicieusement, que pour «l’arrondissement de Dijon (le classement a été effectué) par une société de viticulteurs». L’arrondissement de Beaune regroupe les finages de Santenay à Vougeot et l’arrondissement de Dijon comprend les finages de La Côte situés au Nord de Chambolle-Musigny inclusivement.
Différemment des finages de Gevrey-Chambertin et Morey-St-Denis, le classement obtenu de l’exercice ‘d’une société de viticulteurs‘ sur le finage de Chambolle-Musigny nous est apparu suffisamment pertinent pour en citer les éléments.
Ladite mention figure sur la planche cartographique de la classification du Comité de Beaune ‘dessinée par M.L. Bonnamas / ÉD BATAULT MOROT, ÉDITEUR À BEAUNE / 1867′.

Note 7: Jules Lavalle utilise la mention ‘Hors Ligne’ en certains endroits, particulièrement pour le Clos de Vougeot et pour des climats des finages de Aloxe-Corton et Prémeaux-Prissey. Il indique en page 92 de son ouvrage que les ‘têtes de cuvée‘ et les ‘hors ligne‘ sont dans la même classe, sans toutefois mentionner les particularités ou circonstances associées aux attributions de la cote ‘hors ligne’. À notre avis, l’usage de la cote ‘Hors Ligne’ par celui-ci détermine une cote inférieure à ‘Tête de Cuvée’.



6 ⇒ Grand Cru Grands Echézeaux: close up (9,14 hectares)

À savoir

· Lorsque sous la propriété de l’Abbaye de Cîteaux, avant la Révolution, il était nommé ‘Echezeaux Bas’.
· Sa superficie est de 9,14 hectares. À titre comparatif, le Musigny comprend 10,86 hectares et le Chambertin (excluant le Clos de Bèze) compte 12,90 hectares.

→ Physiographie

· La pente du Grands Echézeaux est faible, de 3% à 4%. Il se loge à l’altitude de ±260 mètres.
· Ce Grand Cru est exposé, remarquablement, à l’Est-Sud-Est.
· Les deux Grands Crus de Flagey-Echézeaux, le Clos de Vougeot, aussi une partie importante du Charmes-Chambertin seraient les seuls Grands Crus dont le matériau parental (roche-mère) correspond au type de formation superficielle nommé cône alluvial. (Voir ‘physiographie/géologie’). À l’instar du Clos de Vougeot, la pente des Grands Echézeaux est faible.

→ Géologie brièvement

Clive Coates (‘The wines of Burgundy’ 2008) écrit “The brown soil si quite deep, a chalky limestone mixed with clay and pebbles on a Bajocian limestone base.” La description qu’il en fait correspond bien à la formation superficielle de ‘cône alluvial’ (ou ‘cône de déjection’) que l’examen géologique réalisée par Anne Combaud en 2008 attribue en tant que matériau parental (roche-mère) au terroir des Grands Echézeaux (voir ‘géologie’ ci-haut). Ce type de formation peut en effet comporter des mètres de profondeur et sa composition de cailloux, de ‘pebbles’, dans une matrice d’argile, peut définitivement assurer un bon drainage dans un contexte de faible pente.
Des ‘cônes alluviaux’ s’observent dans les prolongements des débouchés de chaque combe, variablement plus ou moins en retrait de ceux-ci; entre autres, sur des aires homologuées en AOC communale comme sur l’immense aire communale de Gevrey-Chambertin au pied du versant de cette commune et aussi sur quelques secteurs en Premiers Crus, tel  le regroupement de Premiers Crus de Morey-Saint-Denis comprenant notamment ‘La Riotte’, ‘Les Milandes’ et ‘Les Blanchards’.

→ Les producteurs

Illustration tirée de la revue ‘Bourgogne Aujourd’hui’, copie no137 d’octobre/novembre 2017.

Quatorze propriétaires, par ordre de superficie respectivement détenue: Domaine de la Romanée-Conti/Vosne-Romanée (3,53 ha) dont la parcelle occupe la partie centrale du climat, Mongeard-Mugneret/Vosne-Romanée (1,44 ha), Domaine d’Eugénie/Vosne-Romanée (0,50 ha), Joseph Drouhin/Beaune (0,47 ha), Henri de Villamont/Savigny-les-Beaune (0,43 ha), Gros Frères et Soeurs/Vosne-Romanée (0,37 ha), Desauney-Bissey/Flagey-Echézeaux (0,34 ha), Georges Noëllat/Vosne-Romanée (0,30 ha), Clos Frantin(Bichot)/Nuits-Saint-Georges (0,25 ha), Jean-Marc Millot/Nuits-Saint-Georges (0,20 ha), Coquard, Loison, Fleurot/Flagey-Echézeaux (0,18 ha) et Robert Sirugue/Vosne-Romanée (0,12 ha, Domaine Ghislain Kohut, Couchey (0,07 ha).

→ Le vin du Grands Echézeaux

À la suite, des commentaires respectifs formulés dans les ouvrages des trois experts suivants: Allen Meadow, ‘The pearl of the Côte’ (2010), certainement le bouquin le plus complet jamais produit sur les vignobles de Vosne-Romanée et Flagey-Echézeaux; Jasper Morris, ‘Insidie Burgundy’ (2010); et Clive Coates, ‘The wines of Burgundy’ (2008).

Clive Coates note que “… It can be firm, even hard in is youth, less obviously generous than either Echézeaux or the more refined grands crus of Vosne-Romanée. It need time. But the best are clearly as good as the best Clos de Vougeot, and a lot more interesting than the least good.”
Jasper Morris note entre autres, laconiquement, que “I have sometimes preferred Echézeaux to Grand Echézeaux in a given vintage at a particular domaine.”
Pour Allen Meadows, “a fine Grand Echézeaux roughly ressembles Richebourg but without the asian spice of the nose. It as almost as much power and muscle, it has the depth and the length, it has the staying power but it just doesn’t consistently have the aromatic breath…
Clive Coates et Jasper Morris font des commentaires qui comportent clairement peu d’enthousiasme.



7 ⇒ Grand Cru Echézeaux: close up (36,26 ha)

→ Un peu d’histoire / périmètre d’origine

Rappel: Le Grand Cru Les Echézeaux origine d’un remembrement entrepris par les moines de Cîteaux au Moyen-Age. En effet, s’il est bien connu que ceux-ci ont assemblé et unifié le Clos de Vougeot via des donations, échanges et acquisitions, ils ont aussi réunifié un périmètre au dessus du Clos qu’ils ont intégré dans leurs ‘Vignes du Territoire et Dépendances du Cellier de Vougeot’, lequel périmètre est montré sur une carte remarquable tirée du Grand Atlas des propriétés de Cîteaux (1718-1730), conservé aux archives de Bourgogne à Dijon.

Ainsi, l’exploitation des ‘Vignes des Echézeaux’ par les moines était rattachée à celle du Clos de Vougeot. Jean-François Bazin (‘Romanée-Conti’, ouvrage inédit de 1994) précise que «Contrairement au Clos de Vougeot conservé en faire-valoir direct, le secteur des Echezeaux de Cîteaux se trouve dès le 18e siècle et probablement depuis longtemps cédé à la propriété civile selon des baux à cens. Ceux-ci reconnaissent aux locataires la détention du bien, son exploitation, sa transmission, sous réserve de redevances perpétuelles…. À la veille de la Révolution, Cîteaux a donc perdu le contrôle de sa ‘vigne des Echezeaux’Comme la vente des biens nationaux concerne directement les terres exploitées par l’abbaye et non celles passées en d’autres mains par beaux à cens, ces parcelles vont rester entre les mains des détenteurs de baux ancestraux. »

→ Débat sur le périmètre méritant le rang de Grand Cru

C’est le 16 juillet 1925 sous la Loi des des Appellations Contrôlées, qui fut en vigueur de 1919 à1935, que l’appellation ‘Echézeaux’ fut juridiquement et formellement établie par le tribunal. À partir d’ici faisons parler Jean-François Bazin depuis son ouvrage ‘Romanée-Conti’ de 1994: “Étienne Camuzet, alors maire de Vosne-Romanée et député de la Côte d’Or, et un autre propriétaire des Echézeaux du Dessus, Mongeard-Mugneret, font assigner huit vignerons de Vosne et Flagey pour s’être rendu coupables, à leurs yeux, d’avoir déclaré comme Echézeaux leurs vins de la récolte 1924 produits sur les lieux-dits voisins. Les demandeurs entendent réserver l’emploi du mot Echézeaux au seul lieu-dit Echézeaux du Dessus (un des lieux-dits composant le GC actuel). Les défendeurs répliquent qu’ils ont toujours vendu leur vin comme Echézeaux. Ils auraient pu invoquer le Grand Atlas de Cîteaux (lire le thème ‘Un peu d’histoire’ ci-haut), la meilleure pièce à conviction, mais nul n’y pense…. Les juges beaunois déclarent … qu’il résulte des usages locaux, loyaux et constants que les défendeurs ont toujours appelé Echézeaux et vendu leurs vins comme tel. Par ce jugement très sommaire et dont les attendus ne couvrent que quelques lignes hâtivement rédigées, assimilant les usages locaux, loyaux et constants aux seules pratiques du commerce, sans la moindre étude historique ni la plus modeste étude de sols, l’appellation Echézeaux se trouve donc reconnue à de nombreux lieux-dits contigus (Les Loächauses, Les Poulaillères, Les Rouges du Bas) ou proches (Les Treux, Clos Saint-Denis, Les Cruots ou Vignes Blanches, Les Champs Traversins, En Orveaux et Les Quartiers de Nuits), certains pour partie, et bien au delà du Grand Atlas qui n’intégrait pas certains endroits… Les juges de Beaune ont la main généreuse car ils n’en mesurent pas les conséquences. Il s’agit alors de l’un des tous premiers procès de délimitation d’aires d’appellation (Appellations d’Origine) où l’on commence, sans jurisprudence ni habitude, à interpréter la notion d’usages locaux, loyaux et constants... Même à Flagey, on admet volontiers que l’on a vu trop large. Les Treux par exemple n’ont pas leur place au sein des Grands Crus.

1919 – Loi du 6 mai 1919 sur la ‘Protection des appellations d’origine‘. Les discussions sur la Loi des AO (non pas AOC) remontaient au projet de Loi Jules Pams en 1913, donc avant la Première Guerre Mondiale. La Loi des AO suit l’échec de la loi de 1905 sur les ‘Délimitations Administratives’. Le but de la Loi de 1919 consiste encore à contrer les fraudes. Son objet est la mise en place d’Appellations d’Origine (AO), définies proprement selon le lieu de récolte des intrants, celui des raisins. Les produits factices et d’assemblages sont réprimés, expressément les produits ‘d’équivalence’ ou dit de ‘qualité substantielle’ qui sont produits par les négociants à partir d’intrants variés. La Loi instaure entre autres la tenue de registres d’entrées et sorties, c’est à dire une méthode de traçabilité du vin, de la vendange (déclaration de récolte) à la consommation.
Dans maintes communes, des syndicats avaient été créés à partir de 1905 pour exercer des vigies face aux fraudeurs. La Loi du 6 mai 1919 sur la ‘Protection des Appellations d’Origine‘ modifie la donne. Ce sont partout en Côte d’Or des ‘syndicats de défense’ qui se constituent cette fois en fonction des territoires, communes ou crus, susceptibles d’acquérir une Appellation d’Origine en vertu des ‘usages locaux, loyaux et constants’; les syndicats de vignerons incarnant, la plupart du temps, la partie civile requérante contre un ou plusieurs propriétaires. Entre autres, à Gevrey-Chambertin, à côté du syndicat de défense voué à l’obtention d’une AO ‘Gevrey-Chambertin’, se crée aussi un syndicat spécifiquement consacré au projet d’une AO ‘Chambertin’. Les producteurs d’Aloxe-Corton se forment un syndicat de défense pour revendiquer une AO d’origine ‘Corton’ qui soit strictement réservée aux climats nobles de leur seule commune. Ainsi de suite…
Dans la cause judiciaire afférente aux Echézeaux, celle-ci fut initiée en justice non pas par un syndicat de producteurs, mais plutôt par deux producteurs soucieux de l’emploi géographiquement restrictif du nom ‘Echézeaux’, Étienne Camuzet et Mongeard-Mugneret de Vosne-Romanée.

Le périmètre des Echézeaux fut légèrement élargi à deux reprises après l’homologation de l’AOC le 31 juillet 1937.

→ À savoir

• Couvrant 36,26 hectares, Echézeaux est le deuxième plus grand climat en superficie des Grands Crus de la Côte de Nuits, soit après Clos de Vougeot avec 50,97 hectares. Le troisième est Charmes-Chambertin avec une aire de 30,83 hectares (lieu-dit Charmes: 12,25 ha + lieu-dit Mazoyères: 18,59 ha).
• Sa fédération de 11 lieux-dits est la plus nombreuse. Le Clos de la Roche est le deuxième plus considérable agglomérat de lieux-dits, avec huit.
Si la formation géologique du type ‘cône alluvial’ qui est observée sur une grande surface du Grand Cru constitue jusqu’à un certain point un dénominateur physique du Grand Cru, en revanche les lieux-dits se distinguent individuellement de façon importante par leur physiographie: écarts d’altitudes et d’orientations.
Plusieurs lieux-dit comportent donc des contrastes géologiques et physiographiques importants. Les vins-type respectifs des lieux-dits sont certainement distinctifs malgré leur dénomination commune ‘Echézeaux’.
• Le tableau à la suite indique que parmi les producteurs présents sur ce Grand Cru, plus d’une trente possèdent une ou des parcelles sur un seul lieu-dit et que de ceux-ci seulement une dizaine (voir un exemple ci-contre) indique le nom du lieu-dit sur leur étiquette.

Il importe ici de tenter de démêler les termes ‘climat’ et ‘lieu-dit’. Faisons appel à Sylvain Pitiot, auteur de l’ouvrage de référence ‘Climats et lieux-dits des grands vignobles de Bourgogne’ (2010): “Nous proposons pour le ‘climat’ … la définition suivante: nom que l’usage collectif ou privé a donné à un morceau de terrain, de préférence en Premiers ou Grands Crus, constituant une partie d’un lieu-dit, ou englobant (nous ajoutons ici ‘plus souvent’) plusieurs lieux-dits ou parties de lieux-dits.”

→ Géologie

Selon la carte géologique montrée à la section 2, à l’instar des Grands Crus Grands Echézeaux et Clos de Vougeot, la formation superficielle du type ‘cône alluvial’ caractériserait le sous-sol d’une très large partie des Echézeaux, englobant totalement les lieux-dit suivants, soit un peu plus de la moitié de l’aire: Clos Saint-Denis, Les Quartiers de Nuits, Les Treux, En Orveaux, Les Poulaillères, ±50% de Les Echézeaux du Dessus et ±50% de Les Champs Traversins. Les autres lieux-dits seraient déposés, variablement, sur des formations de Calcaire de Comblanchien, Oolithe Blanche, Calcaire de Prémeaux, Calcaire argileux et de Marnes à Ostrea acuminata.

 

→ Physiographie

Le tableau montre des contrastes physiographiques d’un lieu-dit à l’autre.

 

→ Producteurs présents sur le GC Echézeaux

Tableau affichant une cinquantaine de producteurs au sein d’un nombre de ±85 propriétaires de parcelles.

 

Le les vins des Echézeaux

L’étendue de l’appellation, la diversité des terroirs et des vinifications donnent naissance à une multitude d’Echézeaux différents, dont certains sont magnifiques et d’autres ne méritent pas le nom de Grand Cru.” Jean-François Bazin conclut ainsi son volet sur le Grand Cru Echézeaux dans son ‘Romanée-Conti’ de 1994. Bel et bien ainsi.

Toujours est-il …
L’aspect ‘diversité des vinifications‘ est particulièrement différenciateur dans un essaim de producteurs sur une même appellation. Dans un essaim il y a …
√ Les producteurs qui se focalisent sur l’optimalisation des prix de revient de leurs vins, entre autres par la quête de rendements correspondant assez strictement aux maximums autorisés. Il sont ainsi aptes à fixer les prix les plus bas pour leurs vins. Ils disposent d’une large clientèle de consommateurs assez peu exigeants.
√ Les producteurs réalisant des vins satisfaisants, voire intéressants, à des prix attrayants. Leurs vins couvrent les besoins d’amateurs moyennement exigeants et particulièrement soucieux de leur budget.
√ Les producteurs de vins de qualité supérieure. Il sont soucieux de bien gérer tous les aspect de la viti-viniculture susceptibles d’élever le niveau de leurs vins. Les rendements visés par ces producteurs sont généralement des concessions sur les rendements autorisés. Les prix de leurs vins sont corollairement plus élevés. Ils forment l’élite reconnue par les prescripteurs de vins. Leurs vins sont destinés aux amateurs les plus exigeants.
√ Les producteurs hautement estimés, légendaires, dont les amateurs passionnés s’arrachent les vins. Ces derniers attribuent parfois une valeur émotive aux bouteilles placées en cave.
S’adressant à des marchés différents, les quatre catégories sont tout aussi pertinentes une que l’autre.

Même au sein ‘des producteurs hautement estimés, légendaires, dont les amateurs passionnés s’arrachent les vins’ (extrait du ‘toujours est-il’ ci-devant), il y a une panoplie d’Échezeaux: tantôt de réels Grands Crus issus des quelques lieux-dits avantagés et, dans l’autre partie du spectre, des équivalents à des Premiers Crus. C’est schématiquement le verdict de Jasper Morris (‘Inside Burgundy’, 2010): “some 1er cru” parmi les onze lieux-dits et il ne désigne cependant lesquels.
Dans un passage du livre ‘Romanée-Conti’ de Jean-François Bazin, Aubert de Villaine du Domaine de la Romanée-Conti est cité au sujet de l’Echézeaux (celui du domaine manifestement): “c’est un vin qui se laisse aborder simplement …”. C’est l’Échezeaux du bon millésime 2012 du domaine qui nous fut servi à la fin de notre rencontre avec ce grand personnage en 2016. Or malgré les standards élevés et le savoir-faire remarquable de vinification et d’élevage du Domaine de la Romanée-Conti, l’Echézeaux alors dégusté a laissé une impression de vin qui ne rejoint pas le standard de Grand Cru. Cette dernière expérience et nos autres dégustations de vins de ce Grand Cru avalise le verdict de Allen Meadows (‘The wines of Burgundy’, 2008): “Echézeaux is, in genaral, a second Grand Cru division, without the concentration and finesse of the best.”

Dans ‘The pearl of the Côte’, Allen Meadows établit en quelque sorte la catégorisation suivante:
√ Au premier rang il désigne les lieux-dits Echézeaux du Dessus (“the finest of the 11 lieux-dits“) et Les Poulaillères;
√ Puis Les Rouges du Bas, En Orveaux et Les Cruots (“I would not rank Les Rouges du Bas on the same level as Echézeaux du Dessus or Les Poulaillères, I would consider it part of the second-quality tier with Les Cruots and En Orveaux“;
√ Ensuite Les Loächausses, Les Champs Traversins et Les Beaux Monts Bas;
√ Au dernier rang le Clos Saint-Denis, Les Treux et les Quartiers de Nuits (“the most critized Echézeaux lieux-dits“).
Il conclut par ce commentaire-ci: I believe Echézeaux does merit is ranking. But even the best exemples do not have the sheer class of a truly top-tier Grand Cru …



8 ⇒ Bibliographie

→ Ouvrages particulièrement consultés pour ce topo

ADAMA (Françoise Vannier, géologue et Emmanuel Chevigny, géo-pédologue), ‘Caractérisation physiographique, géologique et pédologique du vignoble de Morey-Saint-Denis‘
• Bazin Jean-François, ‘Le Vin de Bourgogne‘, éditions de 1996 et 2014
• Bazin Jean-François, ‘Le Clos de Vougeot’, 1987
• Bazin Jean-François, ‘Romanée-Conti’ (1994)
• ‘Bourgogne Aujourd’hui’, copie no137 d’octobre/novembre 2017
Chauvin Benoît, Le Clos et le Château de Vougeot, cellier de l’Abbaye de Cîteaux, 2009
• Combaud Anne, De l’intérêt de spatialiser les données pour une caractérisation des terroirs viticoles. Exemples des Côte-de-Nuits et Côte-de-Beaune
• Jacquet Olivier, ‘Un siècle de construction du vignoble bourguignon’, 2009
• Landrieu-Lussigny M-H. / Sylvain Pitiot, ‘Climats et Lieux-dits des Grands Vignobles de Bourgogne‘ 2012
• Lavalle Jules, ‘Histoire et Statistique de la Vigne et des Grands Vins de la Côte d’Or‘, 1855
• Meadows Allen, ‘The pearl of the Côte’, 2010
• Morris Jaser, ‘Inside Burgundy‘, 2010 / ‘Au Coeur de la Bourgogne‘ (traduction française), 2015
• Pitiot Sylvain / Landrieu-Lussigny M.-H., ‘Climats et Lieux-dits des Grands Vignobles de Bourgogne‘ 2012
• Poisot Henri, Histoire de la Cartographie des Grands Vignobles de la Côte d’Or’
• Rodier Camille, ‘Le Vin de Bourgogne’, 1920

→ Ouvrages consultés pour la rédaction des nombreux thèmes traitant sous maintes facettes de La Côte, la Côte d’Or, et de ses vignobles

VOIR http://monocepage.com/la-cote-dor-bibliographie/