Date de publication:

Beaune

Révisé: février 2022

CLASSEMENTS
Carte produite par Sylvain Pitiot et Jean-Charles Servant.

→ Classement de Jules Lavalle (1855)

Le Dr Jules Lavalle a rédigé ‘Histoire et Statistique de la Vigne et des Grands Vins de la Côte d’Or’ en 1855. L’ouvrage est une référence majeure car il contient le premier essai de classement complet des climats de la Côte d’Or. Ce classement est réalisé par commune, par finage. La catégorisation comprend cinq surtout classes: ‘Tête de Cuvée’, ‘Première’, ‘Seconde’, ‘Troisième’ et ‘Quatrième Cuvée’. Jules Lavalle utilise aussi la mention ‘Hors Ligne’ en certains endroits, particulièrement pour le Clos de Vougeot, Corton et sur Prémeaux-Prissey). Il indique en page 92 de son ouvrage que les ‘têtes de cuvée‘ et les ‘hors ligne‘ sont dans la même classe, sans toutefois mentionner les particularités ou circonstances associées aux attributions de la cote ‘hors ligne’. Sur un aspect délicat de son classement, celui de l’éventuelle comparaison de classes identiques d’un finage à l’autre (exemple: les climats en ‘Première Cuvée’ sur Gevrey par rapport aux ‘Première Cuvée’ sur Beaune), Jules Lavalle a écrit « Je n’ai étudié les vins de chacune des communes de la Côte comme si les autres communes n’eussent pas existé et la classification que j’ai donnée n’est vraie que pour chacune d’elles prises isolément. » Le monumental travail de Jules Lavalle contient aussi le premier exercice, rigoureux, de cartographie de La Côte.

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Deux commentaires sur le volet ‘Beaune’ du classement de Jules Lavalle:

√ Avant le 20e siècle, la ville de Beaune était bien davantage que l’épicentre du vignoble de La Côte, qu’il est actuellement. Elle en était un chef-lieu fourmillant et prestigieux. Notamment, les grandes maisons de négoce, alors les seuls acteurs du commerce, y avaient d’importantes installations de production au coeur de la ville, et non pas,  tel actuellement, que des simples bâtiments de prestige témoignant de ce passé. Aussi, les négociants étaient nombreux à détenir, et vigoureusement mettre en valeur, d’importants patrimoines de vignes sur Beaune même. La maison Bouchard Père et fils en est le meilleur exemple. Le vignoble de Beaune était particulièrement estimé. Cette valorisation se constate dans les premiers classements référentiels du 19e siècle, selon des classements certainement surestimés.

√ Il importe de mettre en relief deux commentaires apportés par Jules Lavalle dans sa classification rattachée à Beaune: il écrit que « la (sa) classification par climat ne donne qu’approximativement la valeur relative des vins de chacun... » Aussi, il signale que « les climats sont en général très étendus et ont, par conséquent, des qualités différentes dans leurs parties différentes. » Pour ces derniers climats, Jules Lavalle a attribué la cote de leur meilleure partie. Autrement dit, il a jugé de façon favorable ces climats de ‘qualités différentes dans leurs parties différentes’. Les climats jugés ainsi par Jules Lavalle sont assez facilement identifiables par la consultation du classement du Comité de Beaune de 1860. À titre d’exemple, Jules Lavalle situe le climat Les Aigrots en Première Cuvée, lequel selon le Comité d’Agriculture de Beaune de 1860 se situe pour 60% en Première Classe et 40% en Deuxième Classe.

 

→ Classement du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’Arrondissement de Beaune (1860)

Le Classement de 1860 du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’Arrondissement de Beaune fut produit pour la promotion des vins de Bourgogne lors de l’exposition universelle de Londres de 1862. L’arrondissement de Beaune est un des cinq arrondissements du département de la Côte d’Or. Voici quelques extraits des notices liées audit classement: « Non seulement chaque commune, mais encore chaque climat, et souvent chaque parcelle a été l’objet d’un examen consciencieux de la part de cette Commission qui a puisé ses renseignements aux meilleures sources. De plus, avant d’être définitivement arrêté, le classement de chaque commune a été soumis à une enquête publique par M. le Préfet de la Côte-d’Or. / Les observations recueillies dans les diverses localités ont été l’objet d’un nouvel examen très approfondi et le classement a été modifié en vertu des observations qui ont été reconnues fondées. Nous osons donc le dire, le plan que nous publions présente toutes les garanties désirables de sincérité et d’exactitude. / La première classe comprend les vignes qui ont paru réunir à un haut degré toutes les conditions voulues pour produire un vin de choix; ce qu’on appelle ordinairement les têtes de cuvées et premières cuvées. La seconde classe (vulgairement nommée secondes cuvées) comprend les vignes placées dans des conditions un peu moins favorables, par rapport à la nature du sol, à son exposition, à son inclinaison. La troisième classe (troisièmes cuvées) les vignes qui, tout en produisant des vins dignes d’être classés parmi les vins fins, se trouvent placées sur l’extrême limite des bons climats. »
L’arrondissement de Beaune regroupe les finages de Santenay à Vougeot; l’arrondissement de Dijon comprend les finages de La Côte situés au Nord de Vougeot, soit de Chambolle-Musigny jusqu’à Marsannay-la-Côte.

Beaune1860Section du finage de Beaune de la planche cartographique (produite en 1861) du classement de 1860 du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune. Première Classe en rose / Deuxième Classe en jaune / Troisième Classe en vert.

 

→ Classement de Camille Rodier (1920)

Dans son ouvrage important ‘Le Vin de Bourgogne’, Camille Rodier, co-fondateur, avec Georges Faiveley, de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, écrit “Nous tenons à ce qu’il soit établi que nous n’avons pas cherché à faire un classement nouveau, mais que le travail que nous présentons aux lecteurs résultent de deux classements faisant autorité à des titres différents, savoir …” et il nomme les classements de Jules Lavalle (1855) et du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 1860. Il n’en adapte pas moins de temps à autre ces deux classements, avec justesse, d’autant que les valeurs des climats étaient certainement mieux connues quelques décennies après ceux nommés.
Après les classements historiques de Jules Lavalle et du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 18650, le classement de Camille Rodier doit également être considéré tel une référence majeure.

♦ Au sein des Premières Cuvées de son classement, Camille Rodier utilise des majuscules pour faire valoir, sobrement, les climats qu’il considère exceptionnels, ses ‘Têtes de Cuvées’ en quelque sorte; nommément, sur Beaune, les climats Les Bressandes, le Clos de la Mousse, Au Cras, Les Fèves, Les Grèves et Les Marconnets.

 

Classement Jasper Morris (2010)

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un classement historique, nous avons jugé bon de l’inclure. Dans son livre ‘Inside Burgundy’, Jasper Morris attribue un classement à tous les climats homologués en Grands Crus et en Premiers Crus. Si de façon générale il soutient leur rang formel, il apporte çà et là des ajustements. Sur Beaune, il ajoute le qualificatif ‘exceptional’ au climat ‘Les Grèves’ et il ‘déclasse’ huit climats en les désignant plutôt sous ‘Petit Premier Cru’ ou ‘village’.

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