Mise à jour: juillet 2020
Carte du finage de Beaune produite par Sylvain Pitiot et Jean-Charles Servant.
La route assez droite au centre du finage de Beaune (‘Le Clos de la Mousse’ est à gauche et ‘Les Teurons’ est à droite de ladite route) divise ses secteurs Nord et Sud. Situé au cœur du secteur Nord et d’une superficie de 31,33 hectares, le climat ‘Les Grèves’ est le plus vaste climat du finage et l’un des plus vastes de toute La Côte.
Note au sujet du climat ‘Sur Les Grèves’: Grand de 3,6 hectares, ce climat, adjacent au Sud-Ouest du climat ‘Les Grèves’, est commercialisé, replié, sous ‘Les Grèves’ (Réponse #9 du quiz). |
Après le Clos de Vougeot (51 ha) et les Échezeaux (36,25 ha), et peut-être Morgeot (supra fédération de neuf climats de Chassagne-Montrachet totalisant 62,7 ha), Les Grèves, 31,33 hectares, est le troisième, ou quatrième climat, le plus étendu de toute La Côte.
C’est certainement le plus réputé des Premiers Crus de la commune et il bénéficie d’ailleurs du meilleur classement général du finage Beaune:
√ Tête de Cuvée par Jules Lavalle (1855) et Camille Rodier (1922);
√ Majoritairement en Première Classe dans l’important Classement du Comité d’Agriculture de l’Arrondissement de Beaune de 1860;
√ Denis Morelot (1831) le qualifie de “si parfait”;
√ Danguy et Aubertin (1892) lui attribuent, avec Les Fèves, la meilleure cote du finage, soit celle de ‘Tête de Cuvée no 2’ (classement portant sur l’ensemble des climats de La Côte);
√ et il est le seul ‘premier cru exceptionnel’ de Beaune de James Morris (“absolutely the heartland of Beaune”.)
Sur son site internet, le réputé Domaine De Montille, signale au sujet du climat Les Grèves que “(étant donné) sa rare finesse, nous le classons en Grand Premier Cru.”
Situation unique en Côte d’Or, l’aire de ‘Les Grèves’ couvre un segment entier du versant de vignes, de bas en haut, sur un dénivelé de 75 mètres, selon des altitudes entre 225 mètres et 300 mètres.
La coupe est associée au trait rouge sur l’image. L’illustration a été produite à partir de Google Earth. Aucun autre climat sur La Côte n’a un dénivelé aussi fort − 75 mètrres −, littéralement du pied au haut du coteau de vignes. La roche-mère du climat serait néanmoins assez homogène, soit une épaisseur importante de ‘grèzes litées’ (voir ‘la géologie’ à la suite). Les Grèves a une topographie concave classique: pente assez raide au haut du coteau, un abaissement de de l’inclinaison dans la partie centrale, puis un étirement jusqu’au pied du coteau.
Six murets (plus ou moins un mètre de hauteur respectivement) ont été aménagés pour créer des terrasses et diminuer ainsi l’érosion. Le climat est protégé du vent principal de l’Ouest par le plateau de la Montagne de Beaune. Tel les Grands Crus de La Côte, son plan est uniforme et il est en retrait des combes.
“Pour obvier en partie, à ces inconvénients (érosion), nous sommes ici en usage, depuis plusieurs années, de partager nos vignes, en trois ou quatre parties par des murs placés à 50 ou 60 pas les uns des autres, à la hauteur de deux ou trois pieds.” Abbé Tainturier, ‘Remarques sur la culture des vignes de Beaune et lieux circonvoisins’, 1763.
Signalons qu’une section correspondant à environ 10% du climat, située au pied du coteau à une altitude approximative de 230 mètres, a été désignée en Deuxième Classe dans l’important Classement du Comité d’Agriculture de l’Arrondissement de Beaune de 1860, le reste étant classé en Première Classe. Le Domaine de Montille souligne que: “compte tenu de sa surface, il y a probablement plusieurs types de Beaune Grèves” − le texte sur la géologie/pédologie à la suite infirme toutefois cette idée − et ajoute que “la meilleure partie est sans doute la célèbre Vigne de l’Enfant Jésus.”
Près d’une vingtaine de producteurs détiennent au moins une parcelle sur Les Grèves: Albert Morrot, Alexant, Berthelomot, Besancenot, Bernard, Bouchard Père et Fils, Cauvard, Champy, Chanson, des Croix, Joseph Drouhin, Louis Jadot, Michel Lafarge, Daniel Largeot, de Montille, Remoissenet, Tollot-Beaut, de la Vougeraie.
Les producteurs présents sur le climat ‘Sur Les Grèves’, sont entre autres: Besancenot, Bouchard Père et Fils, Cauvard, Drouhin et Rapet.
Le site Burgmap localise les cinq parcelles possédées par la maison Bouchard Père et Fils sur Les Grèves♦. Réparties sur le climat, celles-ci totalisent approximativement dix hectares, dont une de près de quatre hectares constitue le cru ‘Vigne de l’Enfant Jésus’, cru institutionnalisé par la maison Bouchard Père et Fils.
♦ Ci-dessous, figurant sur l’illustration, les emplacements des parcelles de la maison Bouchard auraient été disponibles, un laps de temps, sur le site même du négociant-éleveur.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir. L’illustration désigne certains exploitants sur le climat Les Grèves. Les positions des cinq parcelles de la Maison Bouchard Père et Fils ont été repérées sur le site Burgap.com. Le cru de la ’Vigne de l’Enfant Jésus’ est situé dans la partie médiane inférieure du versant, selon un dénivelé de ±25 mètres, entre les altitudes 225 et 250 mètres. La position de la parcelle du Domaine de Montille est identifiée sur le site internet du Domaine. Il est à signaler que la position du climat ‘Sur Les Grèves’ indiquée par Google Earth est erronée. Le réel périmètre de ce climat est désigné dans la partie supérieure gauche de l’illustration, en position Sud-Ouest par rapport au climat ‘Les Grèves’. Les détenteurs de vignes ‘Sur Les Grèves’ commercialisent leurs vins sous ‘Les Grèves’.
⇒ La pédologie/géologie
Selon Françoise Vannier, géologue spécialiste de La Côte, le sous-sol de ‘Les Grèves’ est constitué d’éboulis calcaires, nommées localement ‘grèzes litées’; ‘grèzes’ désignant des graviers et ‘litées’ étant une référence au mode de mise en place par couches successives, c’est à dire répétitivement aux dégels printaniers de la période périglaciaire de l’époque quaternaire, glaciations il y a vingt à trente milliers d’années. Ces graviers proviennent de l’effritement des parois rocheuses qui ont déjà dominé le coteau au dessus du climat Les Grèves. Aux printemps, l’action des gels et dégels répétitifs (phénomène de cryoclastie ou gélifraction) a effrité la roche qui s’est épandue par éboulis successifs sur tout le coteau.
Le profil ci-contre a été réalisé par la géologue Françoise Vannier sur une parcelle placée à une altitude moyenne de 230 mètres (milieu inférieure du coteau de Les Grèves) détenue par le Domaine des Croix, le requérant de l’expertise géologique. Sous la couche organique de ±45 cm, se trouve l’agrégat de ‘grèzes litées’ dont l’horizon serait supérieur à un mètre (la fosse étant de 1,2 m de profondeur). Ce colluvionnement − étalement des matériaux provenant de l’effritement de la falaise calcaire qui surmontait le coteau avant la période péri-glaciaire − est manifestement répandu sur l’ensemble du climat.
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