Mise à jour: mai 2020
“Dijon a cependant laissé Beaune devenir la capitale de la Bourgogne.” Jean-François Bazin, ouvrage ‘Chambertin’, 1991 |
CONTENU:
1 ⇒ Beaune, ville ‘captivante
2 ⇒ Le paradoxe
3 ⇒ Survol sur son histoire par les aléas de ses remparts
1 ⇒ Beaune, ville captivante
La vente des vins des Hospices de Beaune, en novembre, s’accompagne d’événements et de festivités. Beaune se colore alors partout de fleurs d’automne, des floralies en plein air. La photo montre les abords de l’entrée de la ville par la rue de Lorraine.
Pour le touriste œnophile, la ville de Beaune est une des plus bienfaisantes de toutes les villes associées intimement aux vignobles de France. Le magnétisme de cette ville de 25 000 habitants réside dans quelques considérables attributs.
Beaune fut la capitale de la Bourgogne jusqu’au 16e siècle. Depuis, la capitale institutionnelle est Dijon et Beaune est la capitale plébiscitée du vin de la Bourgogne. (réponse question #1 du quiz) Plus au Nord, adjacente au Sud du vignoble de Marsannay, Dijon est à trente minutes de Beaune en auto ou par train.
Voici quelques uns de ses attraits:
√ L’Hôtel-Dieu, une icône culturelle, qui en plus de constituer une remarquable institution emblématique, forme l’assise d’une des plus exceptionnelles activités de relations publiques associées au vin: l’encan des Hospices de Beaune (les bourguignons sont des experts en relations publiques).
√ Ses remparts multiséculaires qui encerclent le cœur de la ville et sous lesquels sont logés discrètement les celliers de plusieurs maisons de négociants-éleveurs.
√ Son labyrinthe de rues médiévales qui vous ramène sans cesse le visiteur, désorienté, au boulevard périphérique.
√ Sa charmante Place Carnot, l’épicentre social de la Côte d’Or, qui est étonnamment décontractée malgré son achalandage de carrefour.
√ Sa remarquable restauration, éclectique, conviviale, vineuse, multiple pour la taille de la ville et qui ne fait pas relâche le dimanche soir (généralement un casse-tête pour le touriste en France).
La présence de l’exceptionnelle boutique Athenaeum, attenante à la Place Carnot qui, en plus d’être un splendide commerce sur les arts de la table, constitue le lieu d’une librairie sur l’univers du vin simplement unique au monde.
Et bien entendu, les multiples traces de son passé de foyer spirituel et ses nombreux repères bachiques et historiques.
2 ⇒ Le paradoxe
Beaune, la ville, est irrésistible. Elle est fréquemment le port d’attache affectif de toute tournée d’amateurs. Aussi, autant la ville est incontournable, autant le passage près son vignoble est souvent négligé, un paradoxe. Dans une perspective touristique, le handicap du vignoble beaunois n’est pas qu’il soit en retrait du pôle touristique, dissimulé par le quartier Ouest de la ville. Il s’agirait bien simplement d’une indication de l’intérêt général, mitigé, pour ce vignoble.
Cliquez sur la carte pour la grossir. La mosaïque définie par des traits noirs constitue le vignoble de Premiers Crus de Beaune. La route Dijon-Beaune-Chalon-sur-Saône figure en bleu. En brun, longeant les remparts, la voie périphérique du cœur Beaune. L’objet de la présente illustration est de mettre en évidence que depuis les voies principales, les quartiers extérieurs à la voie périphérique (Faubourg St-Martin et autres) gênent la vue du vignoble. Ainsi, dans leurs déplacements vers ou depuis les autres vignobles de La Côte, les amateurs de passage ou en visite à Beaune n’aperçoivent le coteau des Premiers Crus que dans sa partie tout au Sud, près de Pommard. Le vignoble beaunois est le seul de La Côte qui est largement masqué par le tissu urbain. Loin des yeux, loin du cœur!
Plan de Beaune en 1846, à l’échelle 1/10 000, de F. Perrondon.
3 ⇒ Survol sur son histoire par les aléas de ses remparts
Ce topo est tiré de ‘Au fil du temps’ depuis le site remparts-beaune.fr. Nous en citons certains extraits.
Cette illustration tirée du livre de Danguy et Aubertin (1892) montre un bastion, la Tour des Filles, intégré aux remparts de Beaune et qui est actuellement occupé par la Maison Chanson.
La Tour des Filles vue sous un autre angle. Elle fut construite vers la fin du 15e et/ou 16e siècle, lors de la troisième période d’aménagement des remparts. Sa localisation figure ci-bas.
→ Époque Gallo-Romaine
Il ne reste que de rares vestiges du Castrum, les premières fortifications de Beaune érigées entre le 4e et le 8e siècle. Elles furent construites sur le périmètre en rouge, délimité actuellement par les rues circulaires Maizières et Paradis. L’église de la Collégiale Notre-Dame si situe à l’intérieur ce périmètre.
Après leur conquête de la Gaule au début de notre époque, les Romains implantent à Belna (nom romain de Beaune) un oppidum (agglomération). Située au croisement de grandes voies de circulation romaines, Belna devient une bourgade importante qui croît jusqu’aux incursions des barbares au 4e siècle. Les raids des barbares justifient la construction de fortifications, le Castrum de Beaune. Ces premiers remparts dotés d’une douzaine de tours défensives et plusieurs portes d’accès protègent alors un espace de deux hectares délimité aujourd’hui par les rues circulaires Maizières et du Paradis, lequel périmètre englobe l’emplacement de la collégiale Notre-Dame. De cette première enceinte il ne subsiste que quelques vestiges éparses.
La maison Joseph Drouhin y a une cave, visitable, édifiée sur les fondations de ce castrum.
→ Haut Moyen-Âge
Entre le 4e et le 8e siècle, “le Castrum permet d’abriter environ mille personnes et il devient progressivement le noyau d’une agglomération qui va s’étendre à l’extérieur des murs le long des routes d’accès.”
En 887 apparaît le premier duché de Bourgogne, créé par le comte Richard d’Autun. Beaune sera la capitale de la Bourgogne jusqu’au 16e siècle.
→ Bas Moyen-Âge
Vers l’an Mil, la stature de Beaune s’accroit en vertu de l’intensification et la concentration de l’activité religieuse et la formation d’une active bourgeoisie. Les premiers siècles du deuxième millénaire sont une période de prospérité générale durant laquelle le réseau de rues prend sa configuration dédaléenne actuelle et les faubourgs se développent au pourtour des axes de circulation rattachés au Castrum. La ville aura obtenu sa charte d’affranchissement, autrement dit son autonomie, en 1203.
Aux 13e et 14e siècle, incluant donc la période de la Guerre de Cent ans, “avec les Anglais sous les murs en 1361″, les premiers ducs de Bourgogne entreprennent le premier stade d’aménagement des remparts. Il s’agit d’une fortification de huit mètres d’épaisseur comprenant neuf portes-tours et six tours. De celles-ci, seules subsistent encore aujourd’hui les Tours des Poudres et des Billes (ci-bas). Le Beffroi, la tour de guet aussi nommé la Tour de l’Horloge, qui s’élève aujourd’hui aux abords de la Place Monge est construit par la ville au 14e siècle sur les bases d’une tour du premier millénaire.
Lorsque vue du boulevard périphérique, la Grosse Tour (photo du gauche) ne laisse entrevoir que le pignon de la Tour des Billes (photo de droite). La construction de la Grosse Tour est postérieure à la Tour des Billes. Leur position figure sur le plan ci-bas.
En 1442, le Duc Philippe le Bon ordonne l’amélioration du système de défense des remparts, donnant lieu à son deuxième stade d’aménagement. L’enceinte est percée de cinq portes avec ponts-levis. Seize tours ponctuent dorénavant son pourtour. Le fossé longeant les remparts est creusé et les rivières la Bouzaize et l’Aigue y sont déviées. En plus des tours des Billes et des Poudres de la première phase déjà mentionnée, deux tours de cette deuxième étape sont toujours en places, la tour Blondeau et la Tour Renard (photos à la suite). Les Ducs qui jusque là résidaient à Beaune délaissent, sous les Valois, cette dernière en faveur de Dijon. La population de Beaune est alors estimée à 3000 habitants.
Deux tours de la deuxième étape de mise en place des remparts, au 15e siècle, sont toujours en place aujourd’hui, les tours Renard (ci-haut) et Blondeau (ci-bas).
L’année 1477 est marquante pour la Bourgogne. Le Duc Charles le Téméraire meurt alors qu’il guerroie contre le Roi de France, Louis XI. Beaune n’accepte pas la nouvelle dépendance royale. La répression de Louis XI est ferme. La ville est assiégée pendant cinq semaines avant sa reddition.
Au 15e et 16e siècles, la Bourgogne est une province frontalière du Royaume. Louis XI entreprend la troisième phase d’aménagement des remparts. Il fait construire une forteresse, le Château de Beaune, qui sera à terme, en 1519, muni de cinq tours, dont une est tournée vers la ville pour mater d’éventuelles rébellions de l’intérieur!
La tour des Cordeliers fut construite lors de la troisième période de construction des remparts au 15e siècle.
La deuxième moitié du 16e siècle donne lieu à un des derniers épisodes des guerres de religion alors que les Ligueurs prennent le contrôle de la ville. Cet épisode entraîne une intervention militaire qui met six semaines pour défaire ces ultra catholiques. Les combats détruisent tous les faubourgs et le secteur de la ville près du Château, occupé par les Ligueurs. Une partie du Château sera subséquemment démantelée. De ce site, deux tours subsistent toujours, occupées consciencieusement par la maison Bouchard Père et Fils. (réponse #2 du quiz)
Le siège social de la maison Bouchard Père et Fils à Beaune occupe, depuis son rachat aux encans post-Révolution, l’ancien Château dont deux tours sont toujours en place. Celles-ci occasionnent d’ailleurs une convexité du tracé de l’artère périphérique aux abords de la rue du Château. La photo est extraite du livre de Danguy et Aubertin, rédigé en 1892.
En 1636, les Autrichiens envahissent la Bourgogne. Approchée par ceux-ci, Beaune subit des dommages sans être occupée. Hâtivement, en une seule année et pour une dernière phase, les remparts sont encore renforcés de quatre bastions: Notre-Dame, Ste-Anne, Condé et Saint-Martin.
La tour Notre-Dame achevée au 17e siècle, soit lors de la quatrième et dernière phase de construction des remparts. Sur l’illustration l’espace vert est circonscrit entre les remparts et le boulevard périphérique.
Au 17e siècle, les techniques de guerre rendent les remparts désuets. Le patrimoine n’est alors pas une considération. Le développement a préséance. Tantôt, les remparts sont supprimés, tantôt modifiés. Le maire Maufoux (1759-1780) entreprend néanmoins de faire planter des platanes sur le Rempart des Dames et d’aménager le Bastion St-Martin en esplanade. D’autres segments des remparts subiront des modifications urbaines au fil du temps. Aujourd’hui, Beaune conserve les trois quarts du périmètre des remparts. Plusieurs maisons de négociants ont acquis des tours et des bastions aux Encans suivant la Révolution pour y aménager des caves et autres espaces fonctionnels.
Quiz ← Onglet précédent Onglet suivant → Mise en situation