Révisé février 2022
CONTENU:
1 ⇒ Vins sous-estimés?
2 ⇒ Gloire, déclin, puis embellie
3 ⇒ Singularité de la propriété: prépondérance des négociants-éleveurs
→ Bibliographie
1 ⇒ Vins sous-estimés?
Dans son édition d’avril 2006 (no 69) la revue ‘Bourgogne Aujourd’hui’ sous-titrait ainsi une couverture sur Beaune: “Appellation sous cotée … jamais Beaune n’a été aussi attractive.” Depuis, de nombreuses années se sont écoulées et le prix des Beaune Premiers Crus rouges demeurent équivalents, voire plus bas, que ceux des vins communaux de la Côte de Nuits. Les Beaune Premiers Crus sont-ils moins bons, moins intéressants? Ou constituent-ils de façon générale des vins sous-évalués?
Michel Bettane et Thierry Dessauve semblent estimer que nombre de Premiers Crus de Beaune sont de bonnes affaires. Dans l’édition 2014 de leur guide, ils font l’observation suivante en marge des commentaires portant sur un Premier Cru Les Bressandes 2010: “… La preuve que Beaune regorge de trésors abordables”.
2 ⇒ Gloire, déclin, puis embellie
→ Gloire: Au milieu du 19e siècle, Beaune s’enorgueillissait d’être le vignoble de la Côte d’Or ayant la plus forte renommée de la Bourgogne. Dans son ouvrage-maître de 1855, ‘Histoire et statistique de la vigne et des grands vins de la Côte d’Or’, l’initiateur des classifications des climats bourguignons, Jules Lavalle, écrivait: “Depuis longtemps Beaune a t-il occupé sans contestation la première place parmi les territoires où se récoltent nos vin fins”. Il soulignait que “près de 500 hectares au moins sont consacrés à la culture du pinot”, alors que la même statistique pour Gevrey et Meursault, les autres grands vignobles en taille, couvrait respectivement 187 ha et 320 ha. Cela dit l’intérêt, l’envergure, autrefois de Beaune.
→ Déclin: Un peu plus d’un siècle et demi plus tard, la réputation des vins de Beaune s’était inversée. En 1986, Remington Norman écrivait dans sa première édition de ‘The great domaines of Burgundy’: “Sadly, although long known and appreciated, Beaune’s are Burgundy’s Cinderellas, with seemingly unshakeable collective reputation for dull neutrality”. Il attribuait alors le déclin à diverses carences et il soulignait que “the wines of a number of prestigious houses continue to keep the old criticisms alive.” La moitié du vignoble de premiers crus appartenant directement aux négociants-éleveurs, il est indéniable que le niveau général de leur production avait, et a toujours, un impact sur l’image de l’appellation.
→ Embellie: Depuis ce passage à vide des années 1980, la production des Premiers Crus Beaunois par les négociants-éleveurs s’est graduellement améliorée. Notamment, la maison Chanson réalise depuis de nombreux millésimes une large gamme de Premiers Crus qui élève la barre de performance pour tous. Aussi, les maisons Bouchard Père et Fils, Joseph Drouhin, Camille Giroud et quelques autres vinifient maintenant des Beaune d’un très bon niveau.
La promotion des vins de Beaune même est plutôt discrète. Pour les grands propriétaires négociants, la promotion de leus vins de Beaune est généralement amalgamée à leur promotion générale. Il y a toutefois d’autres facteurs ne concernant pas les négociants-éleveurs qui atténuent la notoriété des Beaune(s). Particulièrement, la majorité des propriétés vigneronnes actives sur le vignoble de Beaune sont établies à l’extérieur de la ville même. Une certaine discrétion de la promotion de ceux-ci à l’égard des crus de Beaune est normale.
Le nombre de vignerons installés à Beaune est donc proportionnellement plus faible qu’ailleurs. Qui plus est, pour l’instant, aucun d’entre eux n’est porteur d’un nom emblématique, apte à faire rejaillir son prestige sur l’appellation. En revanche, la montée en notoriété de vignerons beaunois contribue à hausser la cote des Premiers Crus de Beaune; nommément David Croix du Domaine des Croix, Geoffroy Choppin de Chanvry du Domaine Albert Morot et Nicolas Potel du Domaine de Bellene.
Bref, une embellie s’observe présentement pour les premiers crus de Beaune.
À gauche, David Croix à l’entrée du Domaine des Croix qui est situé aux abords de la voie périphérique à Beaune. À droite, Geoffroy Choppin de Chanvry à l’extérieur de son chai du Domaine Albert Morot aussi à Beaune, sur la route menant à Bouze.
3 ⇒ Singularité de la propriété: prépondérance des négociants-éleveurs
La présence foncière des négociants-éleveurs est prépondérante dans le vignoble de Beaune. Cinq négociants-éleveurs détiennent un total de 110 hectares de vignes en Premiers Crus : 48 ha par Bouchard Père et Fils, 26 ha par Chanson, 15,5 ha par Joseph Drouhin, 12 ha par Patriache, 9 ha par Louis Jadot. (réponse #7 du quiz) Par ailleurs, les Hospices de Beaune est également un propriétaire important de la commune avec un patrimoine de 19 hectares de vignes en Premiers Crus. Bref, les gros joueurs sont détenteurs de plus de la moitié du vignoble de Premiers Crus de Beaune. Il a été mentionné que la proportion de propriétés vigneronnes établies à l’extérieur de Beaune est élevée. Leur commune d’établissement respective est étonnamment dispersée sur toute La Côte. D’entre elles, les propriétés détenant des superficies appréciables en premiers crus beaunois sont: Domaine Jacques Prieur de Meursault, Domaine Brigitte Berthelemot aussi établie près de Meursault, Domaine de Montille désigné de Volnay mais dont les activités se déroulent à Meursault, Domaine Rapet de Pernand-Vergelesses, Domaine Rossignol-Trapet de Gevrey-Chambertin, …. Les propriétés vigneronnes installées sur la commune de Beaune sont entre autres les domaines: Bernard Besancenot, Michel Rageot Bardon, Cauvard, de Bellene, Albert Morot, Jean-Claude Rateau, Loïs Dufouleur et des Croix. |
Placés un et l’autre dans des édifices patrimoniaux majeurs bien en vue sur le boulevard périphérique de Beaune, les sièges sociaux de Bouchard Père et Fils et Chanson attestent de l’importance de ces deux maisons sur Beaune, ville et vignoble.
Illustration ayant près d’un siècle et demi tirée du livre de Danguy et Aubertin. Le bastion n’est qu’une partie du superbe complexe actuel formant le siège social actuel de Bouchard Père et Fils. |
→ Les cuvées ‘rondes’ des négociants-éleveurs.
→ Bibliographie spécifique à ce thème
• Bettane Michel et Thierry Dessauve, Guide des vins, édition 2014
• ‘Bourgogne Aujourd’hui’ périodique, avril 2006 (no 69)
→ Bibliographie afférente à tous les thèmes portant sur La Côte (d’Or)
Voir ICI.
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