Date de publication:

Clos Saint-Jacques: tout savoir

 Révisé: avril 2022

 1932
CLOS SAINT-JACQUES
Appellation Contrôlée
SERRE-MOUCHERON

Étiquette fictive qui toutefois eut été parfaitement légale en 1932. ‘Serre-Boussenot-Moucheron’ est alors le propriétaire dominant sur le Clos Saint-Jacques et ce climat obtint en justice une Appellation d’Origine (AO) le 2 février 1931.

Les Amoureuses, Les Saint-Georges, Cros Parentoux, entre autres, sont des Grands Crus ‘potentiels’; le Clos Saint-Jacques est différemment un GC ‘non formalisé’.
Si chacun d’eux satisfait logiquement les critères sous-tendant d’éventuelles promotions en Grands Crus, seul
(à notre connaissance) le ‘Clos Saint-Jacques’ bénéficie d’une prérogative: avoir obtenu une Appellation Contrôlée (AO) propre en 1931, comme notamment Chambertin, Corton, Montrachet. Une permutation subséquemment en AOC Grand Cru n’eut été plausiblement qu’une formalité … si seulement une démarche en ce sens avait été entreprise. 

CONTENU:
1 ⇒ Position au sein du finage de Gevrey-Chambertin

2 ⇒ Toponymie
3 ⇒ Division du Clos Saint-Jacques en deux parties jusqu’au milieu du 20e
4 ⇒ Notoriété du Clos
4.1→ Notoriété historique
4.2→ Notoriété actuelle
5 ⇒ Les propriétaires ‘historiques’ du Clos
5-1 → Avant ±1920
5-2 → ±1920 à 1954
5-3 → 1954 à présentement
6 ⇒ Opportunité ratée au statut de Grand Cru
6-1 Introduction incontournable à la période des ‘Appellations d’Origine (Loi des AO de 1919): 1919-1935

6-2 → Enjeux sur le finage Gevrey-Chambertin rattachés à la Loi des AO de 1919
6-3 → Fixation en 1931 d’une AO ‘Clos Saint-Jacques’ / désintéressement (?) subséquent à son évolution en AOC Grand Cru
7 ⇒ Géographie: Clos Saint-Jacques versus le Chambertin et Clos de Bèze
8 ⇒ Rang de Grand Cru?
9 ⇒ Les propriétaires actuels sur le Clos Saint-Jacques
→ Bibliographie

 

1⇒ Position au sein du finage de Gevrey-Chambertin

Carte des lieux-dits (non pas des climats) issue du site ‘Vin-Bourgogne.fr’, produite certainement par Sylvain Pitiot.
Position du Clos Saint-Jacques au centre de la ‘Côte Saint-Jacques’, nom du versant Nord des Premiers Crus s’étendant de Les Veroilles, à l’amorce du débouché de la Combe de Lavaux, jusqu’au Champeaux, à la l’extrémité Nord.



2 ⇒ Toponymie

La parcelle doit son nom à la (possible) découverte d’une statue de Saint Jacques en son sein, et à la présence d’un oratoire qui lui est dédié, approuvant qu’elle se situe sur un des nombreux chemins vers Saint-Jacques de Compostelle.” (Patrimoine Jacquaire Fiche-N°12-l’Oratoire-St-Jacques-à-Gevrey.doc)

Photo captée sur le site de l’Office de tourisme de Gevrey-Chambertin.



3 ⇒ Division du Clos Saint-Jacques en deux parties jusqu’au milieu du 20e

L’important livre de Jules Lavalle (‘Histoire et statistique de la vigne et des grands vins de la Côte d’Or’) de 1855 nommait ‘Saint-Jacques’ et ‘Clos Saint-Jacques’, deux parties, des lieux-dits, du Clos Saint-Jacques actuel, en ne mentionnant toutefois qu’une superficie commune, de 6,52 hectares.
La carte illustrant l’important Classement du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 1860, (voir ‘Notoriété du Clos’ à la suite) ne classait que la partie haute, dite ‘Saint-Jacques’; la partie basse ‘Clos Saint-Jacques’ n’y étant curieusement pas homologuée.
Dans la première édition, en 1920, de son ouvrage ‘Vin de Bourgogne’, Camille Rodier apparait être le premier à indiquer la superficie de la partie ‘Saint-Jacques’, soit 2,6 hectares, qu’il désigne en ‘Première Cuvée’; il est toutefois muet sur la partie basse, ‘Clos Saint-Jacques’!
En fait, cette division en deux parties, deux lieux-dits, apparaissait déjà sur le cadastre napoléonien de 1828; les illustrations à la suite le montrent.

À savoir préalablement à la consultation des deux illustrations à la suite:
Les deux illustrations, deux volets du cadastre napoléonien de 1828, se juxtaposent. La partie supérieure de la deuxième carte s’insère dans l’enclave située sous le lieu-dit ‘St-Jacques’ de la première carte. Bref, les deux anciennes parties du Clos Saint-Jacques, haute sous ‘St-Jacques’ et basse, figuraient dans des sections différentes du cadastre napoléonien.

Cliquez sur les illustrations pour les agrandir.
Illustration A: Sur le cadastre napoléonien de 1828, la partie haute (2,6 ha) d’autrefois du Clos Saint-Jacques actuel correspond au lieu-dit, désigné ‘St Jacques‘. Charlotte Fromont, qui a consulté ce premier cadastre formel, indique dans son ouvrage ‘La Côte de Nuits au grand jour’ que cette partie haute comptait 18 parcelles, entre les mains de 10 propriétaires; plus précisément, ces parcelles furent cadastrées sous les numéros 1051 à 1064 de la section cadasdrale ‘Lavaux et Saint-Jacques’. La partie basse d’alors du Clos Saint-Jacques se situe à l’endroit, une enclave, où figure la mention référentielle ‘Section K / 1e feuille’.

Illustration B: Cet autre volet du cadastre napoléonien se juxtapose au précédent. La partie supérieure, ayant la forme d’un carré, s’insère à l’endroit où figure la mention ‘Section K/ première feuille’ de l’illustration précédente, ‘A’. Bien que cette partie ne soit nullement identifiée au ‘Clos Saint-Jacques’, elle correspond bel et bien à sa partie basse. En fait, dans le cadastre napoléonien, la partie basse du Clos actuel figure dans la section nommée ‘Le Village’.



4 ⇒ Notoriété du cru: historique et actuelle

4-1→ Notoriété historique

Rolande Gadille (‘Le vignoble de la côte bourguignonne’, 1967) fait ressortir que Roger Dion (autre auteur d’un monumental ouvrage: ‘Histoire de la vigne et du vin en France’ en 1959)avait rappelé combien les ‘anciens’ mettaient autrefois l’accent sur la qualité sociale du propriétaire. L’argument valait d’autant plus que seuls les riches propriétaires aristocrates, ecclésiastiques ou bourgeois étaient alors en mesure de pratiquer une viticulture raffinée, et d’apporter les plus grands soins à la vinification.” Si bien que, outre bien entendu le Chambertin et le Clos de Bèze, “le reste des vignobles de Gevrey-Chambertin restait peu connu, à l’exception du Clos Saint-Jacques”.

• Dans Topographie de tous les vignobles connus’ (1816), André Jullien classifie le Chambertin en ‘Première Cuvée’ et les lieux-dits suivants en ‘Troisième Cuvée’: Saint-Jacques (non pas ‘Clos Saint-Jacques’), Chapelle, Veroilles et Mazis (seuls crus autres que le Chambertin nommés par Jullien / page 113).

• Après le Chambertin, incluant le Clos de Bèze, en ‘Tête de Cuvée’, Jules Lavalle, en 1855, cite ‘Saint-Jacques’ et ‘Clos Saint-Jacques’ en tête de liste des Premières Cuvées de Gevrey. Tout au long de son ouvrage, Lavalle semble nommer successivement les crus d’une même classe par ordre de mérite.

• Réalisé de manière particulière sur le finage de Gevrey(), le Classement du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 1860 (voir la carte à la suite) ne détermine un classement, en ‘Deuxième Classe’, que pour la partie haute, nommée ‘Saint-Jacques’. Sur le finage de Gevrey, le Comité de Beaune désigne également en ‘Deuxième Classe’: la partie haute du Premier Cru Les Cazetiers (lieu-dit voisin du Clos), le Premier Cru Les Combottes et pratiquement tout le périmètre regroupant les Grands Crus ‘adjoints’ du Chambertin (Mazis-Hauts, Chapelle,  Charmes, …); le Chambertin, incluant le Clos de Bèze, étant seul en ‘Première Classe’.

La classification du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune de 1860 couvre aussi quelques finages de la Côte de Nuits situés dans l’arrondissement de Dijon, dont Gevrey-Chambertin. Il y est précisé, judicieusement, que pour « l’arrondissement de Dijon (le classement a été effectué) par une société de viticulteurs ».

La carte ci-devant, produite en 1861, illustre les parties du finage de Gevrey-Chambertin qui furent concrètement homologuées dans le Classement de 1860 du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune. La partie haute du Clos y est désignée en Deuxième Classe (couleur jaune), tandis que la partie inférieure n’est alors pas homologuée.


Afférent au classement de Camille Rodier  produit en 1920, la carte ci-devant est virtuellement un décalque de la carte précédente du Classement de Beaune. La partie basse du Clos n’y est pas classée!


4-2 → Notoriété actuelle

Ce qui suit est certes assez éloquent: Dans le dossier ‘Le Top 25 des Premiers Crus rouges‘ de La Côte (édition no 51, avril/mai 2003), la revue ‘Bourgogne Aujourd’hui‘ désignait le Clos Saint-Jacques (98 points) au premier rang, suivi par ordre des climats suivants: Les Amoureuses (97 points), Les Saint-Georges (94 points), Cros Parentoux (83), Caillerets (77), Lavaux-Saint-Jacques (77), Clos des Epeneaux (76), Rugiens (75), Vaucrains (64), Charmes (61), Malconsorts (54), Brûlées (51), Grèves (41), Cazetiers (38), Santenots (36), Beaux Monts (31), Taille-Pieds (31), Clos des Mouches (29), Reignots (29), Cailles (29), Clos des Chênes (29), Suchots (29), Epenots (23), Pruliers (19) et Clos des Porrets-Saint-Georges (17).
Le panel était formé de Al Hotchkin, Georges Pertuisot, Roland Masse et de Bourgogne Aujourd’hui. Il est écrit: “Retrouver les trois premières places, roues dans les roues, ne constitue pas une surprise colossale.” Quelques précisions pour les curieux: Clos Saint-Jacques au premier rang, exæquo avec Les Amoureuses selon Al Hotchkin; premier rang par Georges Pertuisot; deuxième rang par Roland Masse; et au septième rang par Bourgogne Aujourd’hui.



5 ⇒  Les propriétaires ‘historiques’ du Clos

5-1 → Avant ±1920

Jacky Rigaux (‘Gevrey-Chambertin, Joyau du Terroir’, 2008) nomme les propriétaires du Clos Saint-Jacques du 16e au 18e siècles: “Il était la propriété de la famille de la Trémoille aux 16e et 17e siècle, les Jésuites du Collège des Godrans le reçurent ensuite au 18e. Le seigneur de Jancigny , M. Morizot, conseiller au Parlement de Bourgogne leur succéda.”

Le cadastre napoléonien de 1828 montre dans la partie haute un lieu-dit nommé ‘Saint-Jacques’ qui comporte une mosaïque de parcelles appartenant à une dizaine de propriétaires; tandis que la partie basse aurait appartenu, à ce moment, à Monsieur Claude Bazire de Vosne (Vosne n’avait alors pas encore adjoint le nom Romanée à son nom).
L’illustration ci-contre est tirée de la copie no 86 de la revue Bourgogne Aujourd’hui. Le travail de recherche sur le cadastre Napoléonien fut réalisé par Charlotte Fromont du Centre de Recherche de la Vigne et du Vin de Beaune.

En 1855, Jules Lavalle ne nomme que trois propriétaires du périmètre englobant les deux parties, ‘Saint-Jacques’ et ‘Clos Saint-Jacques’: Duret, Marion, Veuve Surget.

En 1892, Danguy et Aubertin évoquent encore cette même division, ‘Saint-Jacques et Clos Saint-Jacques’, et nomment les quatre principaux propriétaires de cette période: Corbabon, Guichard-Potheret, Morot de Grésigny et Mme Serre, laquelle détient alors toute la partie basse et une section de la partie haute.

En 1920 Camille Rodier nomme seulement les propriétaires de la partie haute, ‘Saint-Jacques’:  Guichard-Potheret, Félix Laroze, Magnin-Fleurot, Philippon Fils et Mme Serre.


5-2 → ±1920 à 1954

Au cours des décennies 1920/1930/1940, via des acquisitions, le Clos entier − parties haute et basse −  le Clos devient graduellement le Monopole de Serres-Boussenot-Moucheron. Il est concevable que le mur entourant le Clos fut construit, ou complété, au terme du remembrement.

Clarifions notre désignation ‘Serre-Boussenot-Moucheron’: Sous un onglet du site internet du Château de Meursault qui était nommé ‘100 ans d’histoire’ (n’y figure plus!), il était écrit qu’en 1867 “Pierre-Charles Serre disparut et le fief (incluant des vignobles, dont les vignes du Clos Saint-Jacques) fut légué à sa fille (Marguerite Serre, 1848 – 1928) qui épousa le baron de Montbrun. Faute d’héritier direct, elle légua le domaine à une cousine maternelle, Marcelle Boussenot (1876 – 1953), épouse du Comte Robert de Moucheron de Meursault (1867 – 1943).” Ce serait davantage le personnage du Comte de Moucheron qui serait resté dans la mémoire des Gibriaçois quant aux affaires du Clos Saint-Jacques de la période ±1920 à ±1950. Bref les noms Moucheron, Boussenot et Serre se confondent, si bien que pour la suite de cette couverture, nous avons jugé opportun de réunir les trois noms sous la désignation ‘Serre-Boussenot-Moucheron’.

Lors la période de mise en place des Appellations d’Origine, durant les années 1920/début 1930, ‘Serre-Boussenot-Moucheron’, propriétaire important sur le Clos Saint-Jacques, n’a donc pas de racines à Gevrey. Serre-Boussenot-Moucheron est rattaché à des lignées bourgeoises de la Côte de Beaune (famille Serre au Château de Meursault/ Comte de Moucheron de Meursault), à une époque où les habitants des trois sous-régions de la Côte d’Or − Côte dijonnais, Côte de Nuits et Côte de Beaune − entretiennent des rivalités. Ces inimitiés impacteront sur le statut futur, Premier Cru ou Grand Cru, du Clos Saint-Jacques. Le Comte de Moucheron, apparemment un insolent personnage, est le principal protagoniste du Clos Saint-Jacques lors du ‘feuilleton’ de la période 1920/1930 décrit à la suite, sous ‘Opportunité ratée au statut de Grand Cru’.

Le vin obtenu de leurs vignes du Clos Saint-Jacques aurait été commercialisé au cours des premières décennies du 20e siècle, voire antérieurement, en associant le nom Clos Saint-Jacques à celui de Chambertin, en tant que locomotive commerciale: ‘Clos Saint-Jacques-Chambertin‘. L’utilisation du nom Chambertin était alors une appropriation commerciale du négoce de La Côte.


5-3 → 1954 à présentement

En 1954 ou 1955, ‘Serre-Boussenot-Moucheron’ vend le vignoble du Clos Saint-Jacques en quatre morceaux aux domaines viticoles suivants: Armand Rousseau (2,21 ha), Fourrier (0,89 ha), Esmonin (actuellement Domaine Sylvie Esmonin) (1,60 ha) et Clair-Daü (2,00 ha).
Le domaine Clair-Daü est acheté au même moment par la maison Jadot. La parcelle de 2,0 hectares du Clos Saint-Jacques qui était détenue par Clair-Daü est alors divisée en deux parties égales entre la maison Jadot et le Domaine Bruno Clair, lequel nait de dissensions au sein de Clair-Daü.



6 ⇒ Opportunité ratée au statut de Grand Cru

6-1 → Introduction incontournable à la période des ‘Appellations d’Origine’ (Loi des AO de 1919)

Loi du 6 mai 1919 sur la ‘Protection des Appellations d’Origine(AO) et Loi ‘Capus’ du 22 juillet 1927 qui apporta un complément en introduisant la notion d’encépagement dans la délimitation des AO:
La période des AO, qui s’est étendue sur une quinzaine d’années, de 1919 jusquau milieu des années 1930, constitua un contexte préliminaire à celui, subséquent, des AOC: Les discussions sur la Loi des AO remontaient au projet de Loi Jules Pams en 1913, donc avant la Première Guerre Mondiale. L’objectif de la Loi de 1919 visait à contrer les fraudes. La Loi consistait à mettre en place des Appellations d’Origine (AO), déterminées proprement selon le lieu de récolte des intrants, celui des raisins. Les produits factices et d’assemblages étaient expressément réprimés, particulièrement les produits ‘d’équivalence’ ou dit de ‘qualité substantielle’(1), qui étaient produits par les négociants à partir d’intrants variés. La Loi instaurait entre autres la tenue de registres d’entrées et sorties, c’est à dire une méthode de traçabilité du vin, de la vendange (déclaration de récolte) à la consommation.

En Côte d’Or, comme ailleurs en France, des ‘syndicats de défense’(2) de territoires viticoles −  communes ou crus − se sont constitués en maints endroits, en vue de l’obtention d’une Appellation d’Origine (AO) pour leur territoire respectif. Entre autres, à Gevrey-Chambertin, indépendamment du syndicat de défense voué à l’obtention d’une AO ‘Gevrey-Chambertin’, un syndicat distinct fut créé spécifiquement en vue de l’obtention d’une AO propre au ‘Chambertin’. Ailleurs, à titre d’exemple, les producteurs d’Aloxe-Corton se constituèrent un syndicat de défense afin de revendiquer une AO ‘Corton’ qui soit strictement réservée aux climats nobles de leur seule commune.

La Loi des AO faisait intervenir les tribunaux civils locaux  − soit le Tribunal de Dijon pour Gevrey-Chambertin − en tant qu’instances décisionnelles pour fixer les Appellations d’Origine; via des jugements fixés en vertu des ‘usages locaux, loyaux et constants’. Dans ce contexte, les syndicats de défense représentèrent des intermédiaires proactifs essentiels. Jusqu’en 1935, les tribunaux fixèrent juridiquement une constellation d’AO à travers la France viticole.

(1) En vertu de l’Édit de Turgot de 1776, le commerce est libre et autonome. Les négociants seront longtemps les seuls intervenants du marché du vin. Le commerce du négoce s’appuie sur des marques et surtout sur des dénominations référentielles. Les dénominations utilisées par le négoce s’appuient sur le principe de l’équivalence, ou encore sur la règle de la ‘qualité substantielle’, c’est à dire selon les critères attribués respectivement à des vins-type par les intervenants de la chaîne commerciale en vertu d’usages courants. À titre illustratif, les négociants élaborent et commercialisent des ‘Pommard’, typés, c’est à dire associés aux références organoleptiques communément reconnues pour ‘Pommard’. La conception des vins était toutefois entièrement libre: assemblages fréquents de diverses provenances, adjonctions diverses, substituts, etc.  Les noms des principales communes − Gevrey-Chambertin, Corton, Beaune, … − ou des climats réputés sont des dénominations référentielles utilisées par le négoce.

(2) Loi du 12 mars 1920 sur l’extension de la capacité civile de syndicats professionnels: les syndicats obtiennent la capacité d’ester en justice. En regard de la Loi sur la Protection des Appellations d’Origine, maints syndicats modifient leur statut et dénomination pour y intégrer l’aspect de défense de leur intérêt (exemples: Syndicat de défense des intérêts viticoles de Gevrey-Chambertin, Syndicat de défense de l’appellation Chambertin, etc.) La nouvelle mosaïque des syndicats reflète systématiquement les enjeux d’appropriations d’appellations. Bref, pour chaque producteur, le choix d’adhésion(s) syndicale(s) est crucial.


6-2 → Enjeux sur le finage Gevrey-Chambertin découlant de la Loi des AO de 1919

Un premier enjeu porta sur la détermination de l’aire de l’appellation communale ‘Gevrey-Chambertin’. Regroupés dans un syndicat, ‘syndicat de défense des intérêts viticoles et vinicoles de Gevrey-Chambertin’, les producteurs de la commune de Gevrey-Chambertin obtinrent du Tribunal de Dijon, le 20 mai 1930, la fixation de l’AO ‘Gevrey-Chambertin’. C’est l’opposition à l’appropriation de la dénomination ‘Gevrey-Chambertin’ pour les vins issus du finage de Morey-St-Denis qui avait incité le syndicat des producteurs de Gevrey-Chambertin à initier une démarche juridique. La frange méridionale de Brochon fut alors inscrite dans l’AO; en fait, le rattachement de 45 hectares de vignes de Brochon à Gevrey-Chambertin fut favorisé par les 54 viticulteurs de Gevrey détenteurs de ces parcelles.

Un deuxième enjeu était animé par le syndicat des producteurs du Chambertin, essentiellement du Chambertin et du Clos de Bèze, qui revendiquaient que le nom ‘Chambertin‘ soit réservé aux seuls vins issus du Chambertin même et du Clos de Bèze. Le Tribunal de Dijon fixa l’AO ‘Chambertin’ lors de séances du 2 février 1931 et 18 juillet 1932. Les ‘usages locaux, loyaux et constants’ qui sous-tendaient cette AO étaient indubitables.

Un troisième enjeu eut trait à lutilisation de la mention ‘Chambertin’ en complément d’identité pour d’autres lieux-dits périphériques au Chambertin. L’utilisation du nom Chambertin avait été jusque là une appropriation commerciale du négoce de La Côte, alors la seule structure de commercialisation des vins. Sur ce point, c’est l’ouvrage ‘Un siècle de construction du vignoble bourguignon’ (2009) d’Olivier Jacquet qui nous éclaire, méthodiquement, en vertu d’une consultation systématique d’archives: “La mise en place (juridique) des appellations (alors AO et non pas AOC) correspond à un processus extrêmement intéressant. Il nous invite à percevoir au delà des rivalités internes au vignoble, des phénomènes d’unification, de négociations ou de compromis syndicaux nécessaires à l’élaboration des procès et indispensables à leur aboutissement… Le jugement du 2 février 1931 de Chambertin offre un exemple de cette complexité de rapports de force internes entre propriétaires de crus d’une même commune… Celui-ci (syndicat de propriétaires du Chambertin créé en septembre 1929) dirigé par de grands propriétaires comme Arthur Trapet, Drouhin-Laroze, Armand Rousseau ou le général Rebourseau (alors président du syndicat), comporte des status sur mesure traduisant les désirs de ses adhérents. Avant le jugement de délimitation du Chambertin du 2 février 1931, le Syndicat de Défense de l’appellation Chambertin parvient même, non sans mal d’ailleurs, à transformer l’article 5 de ses statuts … afin que le qualificatif de Chambertin puisse être ajouté au nom propre de crus contigus au dit vignoble situé sur le territoire de la commune de Gevrey-Chambertin, ci-après limitativement désignés, savoir: Latricières, Mazoyères, Charmes, Griotte, Chapelle, Mazis Haut et Bas, récoltés sous la condition expresse que le mot Chambertin pourra seulement suivre le nom de cru, sans jamais pouvoir le précéder.” Les lieux-dits ‘Combottes’ et ‘Clos Saint-Jacques ne figurent donc pas dans cette constellation(3).

Un quatrième enjeu porta spécifiquement sur le Clos Saint-Jacques, alors que le propriétaire ‘Serre-Boussenot-Moucheron’ revendiqua, individuellement − c’est à dire autrement que par le concours d’un syndicat −, l’appellation ‘Clos-Saint-Jacques-Chambertin’ pour les vins issus des lieux-dits Saint-Jacques et Clos Saint-Jacques.
Olivier Jacquet et Jean-François Bazin écrivent que ‘La famille de Moucheron (propriétaire unique de la partie basse et d’une parcelle de la partie haute) présentait (au Tribunal) une multitude attestant que le Clos-Saint-Jacques-Chambertin est d’un usage fréquent dans le négoce depuis 1875.” Bien que la dénomination ‘Clos Saint-Jacques-Chambertin’ ait eu effectivement des antécédences qui puissent inciter une démarche d’octroi d’une AO sous ce nom, les obstacles face au Tribunal étaient de trois ordres: une objection, une incohérence et une contrainte; deux de ces obstacles bloquant indubitablement le projet d’appellation ‘Côte Saint-Jacques-Chambertin’.

L’objection: À l’article 5 de sa charte, le syndicat du Chambertin désignait explicitement les lieux-dits pour lesquels l’ajout de la mention ‘Chambertin’ à leur identité propre était acceptable: Mazis, Ruchottes, Charmes, … Du coup, le syndicat indiquait indirectement son opposition au même privilège pour tout autre lieu-dit du finage non désigné, nommément Aux Combottes (3) et le Clos Saint-Jacques. Or dans le contexte de la Loi des AO, les syndicats formels constituaient de l’artillerie lourde, surtout si leur président était un général d’armée détenant une forte autorité, à l’instar du général Henri Rebourseau, à la tête du syndicat du Chambertin: Rebourseau parvient à faire annuler la déclaration de récolte de Mme Moucheron en ce qui concerne l’appellation Chambertin qu’elle revendique pour les produits du Clos Saint-Jacques.” écrit Olivier Jacquet, se référant à la page 35 du jugement du 2 février 1931; voir les extraits du jugement à la fin de ce texte.

L’incohérence: L’écart de distance entre le Clos Saint-Jacques et le Chambertin est assez considérable, soit de ±800 mètres à vol d’oiseau; qui plus est, cet écart comporte un ‘fossé’ qu’est le débouché de la combe de Lavaux. L’éloignement gêne définitivement une association formelle du Clos Saint-Jacques au Chambertin, ‘Clos Saint-Jacques-Chambertin’. Une dénomination associative semblable n’était rien d’autre qu’une appropriation du nom locomotive ‘Chambertin’. Olivier Jacquet: “Le syndicat fait observer avec raison que le coteau des Saint-Jacques est assez éloigné et dépourvu de lien direct avec le Chambertin.”

La contrainte: Le principal propriétaire du Clos Saint-Jacques était un ‘étranger’. Le Compte de Moucheron et la famille Serre, ‘Serre-Boussenot-Moucheron’,  sont originaires de Meursault et y résident; la lignée Serre est alors propriétaire du Château de Meursault, où le Compte est établi. Comme déjà mentionné, l’adversité à cette époque entre les citoyens des trois Côtes − dijonnaise, de Nuits et de Beaune − était forte et suscitait maints antagonismes. Jean-François Bazin (‘Chambertin’ 1990) indique que cette rivalité se transposait même devant les Tribunaux. Voici un extrait du jugement: “… Condamne la dame de Moucheron aux dépens afférents à l’intervention de Rebourseau, ès qualité (président du syndicat du Chambertin), en ce qui concerne l’appellation ‘Chambertin’ qu’elle revendique pour les vins produits par le Clos Saint-Jacques.”

Un cinquième enjeu avait trait indirectement au Clos Saint-Jacques, à sa notoriété. Bien que non réunis dans un syndicat de défense formel, un collectif de propriétaires sur les crus de la Côte Saint-Jacques sollicita une Appellation d’Origine ‘Côte Saint-Jacques’ pour les vins issus de crus de ce secteur. Le Tribunal débouta cette requête; laquelle n’en témoigne pas moins du rayonnement du Clos Saint-Jacques. Voici le jugement du Tribunal afférent à cette requête: “Que Leclerc (Louis), Lesprit (Émile), Mariller (Louis), Cailleux (Albérie), respectivement propriétaires de vignes sur la commune de Gevrey-Chambertin, aux lieux-dits Mazetiers ou Castiers, Petits-Cazetiers, Combe-au-Moine, Les Crais, Les Chazières, Champeaux, Poissenots, Champonnet; Bergeret (Eugène), Bergeret (Justin), Pansiot (Jules), respectivement propriétaires de vignes sur la commune de Brochon aux lieux-dits ‘Les Évocelles-en-Pince-Vin’, ‘En Champ-Charreux,’ ne tirent pas de l’origine du produit de donner aux vins issus de ces parcelles l’appellation ‘Côte Saint-Jacques’ ou toute autre appellation dans laquelle est incorporé le nom de Côte Saint-Jacques ou de Saint-Jacques. — Que d’autre part, ils ne rapportent pas la preuve, qui est à leur charge, d’usages loyaux et constants ayant consacré, par extension, le droit de donner cette appellation aux produits des parcelles susnommées.”

(3) En se rapportant à l’ouvrage de Camille Rodier, les propriétaires en 1920 sur les Combottes, et hypothétiquement les mêmes, ou en bonne partie les mêmes en 1930, sont des résidents de Morey-Saint-Denis; lesquels ne sont pas toutefois aussi propriétaires sur le Chambertin et conséquemment non membres du syndicat des producteurs de ce cru. Les rivalités de village étant, Aux Combottes devint le seul cru périphérique au Chambertin qui ne figurera pas parmi les crus bénéficiaires de la fameuse adjonction ‘Chambertin’ à leur nom propre; Aux Combottes est pourtant une ‘Deuxième Cuvée’, comme les autres crus adjacents du Chambertin. Extrait d’un propos de Louis Trapet relaté par J.-F. Bazin: “L’affaire s’est réglée entre gens de Gevrey. La famille Mongeard (propriétaire sur Combottes) était de Morey, les Moucheron de Meursault“. 


6-3 → Obtention (1931) d’une AO ‘Clos Saint-Jacques’ / Désintéressement (?) subséquent à son évolution en AOC Grand Cru

Toujours est-il …
que si la désignation ‘Clos Saint-Jacques-Chambertin’ fut déboutée par le Tribunal de Dijon le 2 février 1931, en revanche une AO ‘Clos Saint-Jacques’, une AO ainsi propre au cru, fut judiciarisée le même jour par le tribunal de Dijon:Dit, en ce qui concerne l’appellation ‘Saint-Jacques’ ou ‘Clos Saint-Jacques’ que les parcelles issues du pinot des parcelles cadastrées sous les numéros 1051 à 1064, section B, dite section Lavaux et Saint-Jacques, et numéros 98, 100 et 99 P, section K, dite ‘village’, dont est propriétaire la dame de Moucheron, sur la commune de Gevrey-Chambertin, ont droit à l’appellation ‘Saint-Jacques’ ou ‘Clos Saint-Jacques”.
Vu de leur résidence bourgeoise de Meursault, pour Serre-Moucheron, propriétaire dominant du Clos Saint-Jacques, ces jugements furent manifestement insatisfaisants, voire un revers. Rappelons que Serre-Moucheron convoitait avant tout le droit à une AO ‘Clos Saint-Jacques-Chambertin’. Il faut savoir que le nom Serre, ou Serre-Moucheron, était également attaché(4) au même moment au fameux Montrachet. Il est parfaitement concevable que Serre-Moucheron ambitionnait de détenir un tandem prestigieux: une parcelle sur le Montrachet et l’autre directement associée au Chambertin.
Quelques années après le jugement de 2 février 1931, lors de la période intensive de mise en place des AOC, Serre-Moucheron serait demeuré indifférent à l’évolution de l’AO ‘Clos Saint-Jacques’ en faveur de AOC Grand Cru ‘Clos Saint-Jacques’. Le compte de Moucheron était un royaliste et s’opposait aux initiatives de la République. Il peut en effet être postulé qu’une AOC en Grand Cru eut découlé de l’atout en main d’une AO distincte, ‘Clos Saint-Jacques’ ou ‘Saint-Jacques’, et du prestige alors indéniable du cru. Cette fenêtre d’opportunité fut manifestement négligée.

4) Dans son ouvrage ‘Le vin de Bourgogne’ de 1920, Camille Rodier nomme ‘Mme Serre’ dans l’essaim de propriétaires du Montrachet, côté Chassagne. Cette parcelle a certainement été détenue par Serre-Moucheron jusqu’à sa vente en 1963 au Domaine de la Romanée-Conti. Rappel: les noms Serre et Moucheron se confondent. Relativement à l’histoire du Clos Saint-Jacques, les écrits citent variablement les noms de Comte de Moucheron, Mme de Moucheron (Marcelle Boussenot, héritière de Mme Serre) et Mme Serre. En fait, sous l’onglet ‘100 ans d’histoire’ du site internet du Château de Meursault, il est dit qu’en 1867 « Pierre-Charles Serre disparut et le fief (incluant des vignobles, dont les vignes du Clos Saint-Jacques) fut légué à sa fille, (Marguerite Serre (1848 – 1928), qui épousa le baron de Montbrun. Faute d’héritier direct, elle légua le domaine à une cousine maternelle, (une dame Boussenot), femme du Comte de Moucheron (lui aussi de Meursault). »



7 ⇒ Géographie: Clos Saint-Jacques versus le Chambertin et Clos de Bèze

Certaines illustrations placées sous ce thème sont tirées du rapport ‘Gevrey-Chambertin: du sous-sol au paysage viticole: étude physiographique et géologique de l’appellation‘ produit en 2010 par la géologue Françoise Vannier, selon un mandat confié par les trois organismes de viticulture de Gevrey-Chambertin: ODG de Gevrey-Chambertin, ODG des Grands Crus de Gevrey-Chambertin et Syndicat viticole de Gevrey -Chambertin.

→ Topographie

Carte produite à partir de Google Earth. La Combe de Lavaux, une gorge, découpe le finage de Gevrey-Chambertin en deux parties. Le versant de la partie de gauche, versant Sud, est celui des Grands Crus; les crus Chambertin et Clos de Bèze y sont identifiés. Le versant de la partie Nord, celui de la Côte Saint-Jacques, apparait à droite. Le Clos Saint-Jacques y est désigné.

 

→ Géologie


Carte géologique en 3D du finage de Gevrey-Chambertin.
Les lithographies des Grands Crus Chambertin, Clos de Bèze et du Clos Saint-Jacques sont assez identiques, toutefois selon des organisations différentes. Le Calcaire à Entroques occupe une bande au bas des Grands Chambertin et Clos de Bèze, tandis que cette formation se constate au haut du Clos Saint-Jacques. Le Calcaire argileux forme une bande située en partie supérieure des GC, alors que ce calcaire s’observe en partie inférieure du Clos Saint-Jacques. L’Oolithe Blanche forme l’assise de la bande tout au haut des GC, celle-ci est est plutôt l’assise de partie médiane du Clos Saint-Jacques.

Les deux lieux, Clos Saint-Jacques versus GC Chambertin et Clos de Bèze, ne sont donc pas géologiquement étrangers un de l’autre. Cependant, les nuances d’ordre géologique entre les deux endroits, combinés à d’autres facteurs nommés à la suite, se traduisent sans doute par des profils pédologiques distincts.

 

→ Physiographie/micro-climatologie

Profil de pente du Chambertin, à proximité du Clos de Bèze. Le dénivelé est de ±30 mètres, entre les altitudes 270 et 300 mètres. La pente est assez constate, oscillant entre 5% et 15%, plus abrupte à la frange tout au haut.

Le dénivelé du Clos Saint-Jacques est de 50 mètres, entre les altitudes 290 et 340 mètres. La pente du Clos Saint-Jacques est assez forte sur les deux tiers supérieurs, entre 10% et 20%; puis elle s’adoucit nettement au tiers inférieur, entre 2% et 4%. Il est à remarquer que le Clos Saint-Jacques est logé dans un créneau altitudinal nettement plus élevé que le Chambertin.

Ce sont particulièrement les données physiographiques qui différencient nettement les deux secteurs, particulièrement l’exposition et les nuances climatologiques. Chambertin et Clos de Bèze sont exposés au levant, à l’Est, tandis que le Clos Saint-Jacques se montre au Sud-Est. Aussi, le versant qui supporte le Chambertin et le Clos de Bèze les place en bonne partie à l’abri des flux d’air frais en provenance de l’Ouest; tandis que placé en partie terminal du dévers (flanc) Nord du débouché de la Combe de Lavaux, le Clos Saint-Jacques est quelque peu affecté par les courants plus froids circulant dans le couloir qu’es la combe.



8 ⇒  Rang de Grand Cru?

→ ‘Test de qualification’

Cette section n’a aucune valeur scientifique. Comme l’indique le titre, il s’agit simplement d’un ‘test de qualification’, un test empirique. Celui-ci découle d’une constance d’observations.
Les Grands Crus rouges de la Côte de Nuits satisfont à quatre caractéristiques physiographiques; quelques Grands Crus comportant des exceptions au schéma, nommément le GC ‘Clos de Vougeot’.

→ Les conditions physiographiques satisfaites par la forte majorité des Grands Crus sont les suivantes:

Exposition: plan uniforme tourné à l’Est, sinon au Sud-Est;
Le Clos Saint-Jacques est exposé au Sud-Est.

√ Physiographie / topographie: position sur le coteau généralement en retrait des débouchés de combes ou du prolongement des axes de celles-ci;
Le Clos Saint-Jacques est situé sur la section terminale du dévers (flanc en arc) Nord du débouché de la Combe de Lavaux. Celui-ci est ainsi affecté quelque peu par les courants d’air plus froids circulant dans le couloir qu’es la combe.

√ Physiographie / déclivité: inclinaison se situant entre 3%, minimalement, et 15/20%, soit sur des pentes induisant des conditions favorables d’insolation et de drainage;
La pente du Clos se situe entre ±2% et ±20%. À l’égard ce critère, le Clos ne présente pas entièrement un profil idéal en raison de la faible déclivité de sa partie inférieure. D’ailleurs, Jules Lavalle avait désignée cette partie basse en ‘Deuxième Cuvée’: “Le Clos Saint-Jacques (et trois autres crus) classés à juste titre dans la première cuvée du finage quant à leurs meilleurs produits ont cependant des parties basses qui ne doivent figurer qu’en deuxième ou troisième cuvée.”

√ Physiographie / position altitudinale sur le versant: position dans la bande médiane ou supérieure du versant de vignes, soit entre les altitudes ±250 et ±310 mètres.
Étant placé entre les altitudes 290 et 340 mètres, le Clos Saint-Jacques est  logé assez haut sur le versant; en fait toute la Côte Saint-Jacques est placée dans un créneau altitudinal singulièrement élevé. La température moyenne y serait modiquement plus froide que, entre autres, le Chambertin.

Bilan: Le Clos montre quelques écarts vis-à-vis les conditions du Grand Cru ‘type’, tel le Chambertin. Nonobstant la géologie-pédologie, chacun des caractères physiographiques et climatiques a un impact subtil et c’est en quelque sorte la somme de ces subtilités qui détermine les Grands Crus.
Le chantre de Gevrey-Chambertin, Jacky Rigaud (‘Gevrey-Chambertin, Joyau du terroir’), fait valoir qu’une insolation débutant quotidiennement au levant serait la plus bénéfique pour le vignoble bourguignon; le Clos est exposé au Sud-Est. Cet écart ne nous apparait pas déterminant. Cependant la faible déclivité de la partie basse du Clos est à nos yeux une condition désavantageuse; une explication ‘théorique’ suit:
Sur le long versant (±65 km) de La Côte les sols suivent de façon générale un modèle de distribution typique de l’amont vers l’aval, nommé la ‘topo-lithoséquence’. Selon ce modèle, le sol évolue au fil de sa position topographique sur le versant et également en fonction du type de roche-mère sous-jacent (calcaires, marnes, alluvions, colluvions, …). Situés tout au haut du versant, les ‘rendosols’, de faible épaisseur, ne sont généralement pas des terroirs particulièrement nobles. Dans la bande médiane du versant de vignes, où la déclivité est modérée, les ‘calcosols’ et les ‘calcisols’ ont des épaisseurs de 40 à 80 cm et leurs horizons, généralement deux horizons, représentent des stades d’altération du substrat argilo-calcaire sous-jacent propres aux crus nobles, Premiers et Grands Crus. Logés à la base du versant, en pente faible, les ‘brunisols’ surpassent 80 cm d’épaisseur et leurs structures pédologiques correspondent généralement à des terroirs d’appellations communales ou régionales.

Données physiographiques des Grands Crus de la Côte de Nuits. Tableau élaboré par monocepage.

 

→ Le vin

Unanimement, les vins du Clos Saint-Jacques sont hautement estimés. Jasper Morris (‘Inside Burgundy’ 2010) le cote de ‘outsanding Premier Cru or Grand Cru’ (“… can be such a complete wine. It has structure, weight and certainly complexity.“)
Clive Coates écrit (‘The wines of Burgundy, 2007): “This is a wine of real depth and dimension, slightly lusher and plumper than the two greatest Gevrey wines.”



9 ⇒ Les propriétaires actuels sur le Clos Saint-Jacques

Les exploitants du Clos Saint-Jacques: Domaine Armand Rousseau (2,2 ha), Domaine Fourrier (0,9 ha), Maison Louis Jadot (1,0 ha), Domaine Bruno Clair (1,0 ha) et Domaine Sylvie Esmonin (1,6 ha).



12 ⇒ Bibliographie

Bibliographie spécifique à ce thème:
• Jacquet Olivier, ‘Un siècle de construction du vignoble bourguignon’ 2009
• Bazin Jean-François, ‘Chambertin’, 1990
• Fromont Charlotte, ‘La Côte de Nuit au grand jour’, 2013
• Rigaux Jacky, ‘Gevrey-Chambertin, joyau du terroir’ 2008
• Version 2020 du site internet du Château de Meursault
• winehog.org

Bibliographie pertinente à tous les thèmes portant sur La Côte (d’Or), voir ICI

 

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