Date de publication:

Premiers Crus de Gevrey-Chambertin

Révisé en février 2023

Les Premiers Crus sous couverts sous quatre secteurs, ainsi qu’un mini-groupement de deux climats singuliers, Aux Combottes et Bel-Air.
Le Clos Saint-Jacques fait l’objet d’un onglet entier de ce ‘topo de Gevrey-Chambertin’:Clos Saint-Jacques: tout savoir

CONTENU:
1. Classements historiques des Premiers Crus
2. Notre classification des Premiers Crus
3. Secteur ‘Côte Saint-Jacques / climats situés sur le dévers Nord du débouché de la Combe de Lavaux’ (Lavaux-Saint-Jacques, Estournelles-Saint-Jacques, Poissenot, …)
4. Secteur ‘Côte Saint-Jacques / climats dans l’axe général de La Côte de Nuits’ (Les Cazetiers, Combe au Moine, Champeaux, …)

5. Secteur ‘climats au pourtour Sud-Ouest du village’ (Corbeaux, Fonteny, Champonnet, …)
6. Secteur ‘climats sous les Grands Crus’ (La Perrière, Clos Prieur, Cherbaude, Petite Chapelle, …)

7. Climats Aux Combottes et Bel-Air
→ Bibliographie

Carte des climats tirée du site du BIVB, éventuellement produite par Pitiot et Servant.

1 ⇒ Classements historiques des Premiers Crus

Voir ICI.



2 ⇒ Notre classification des Premiers Crus

Les Premiers Crus Clos Saint-Jacques, Cazetiers, Lavaut-Saint-Jacques et Estournelles-Saint-Jacques forment une concentration de 26,7 hectares de terroirs remarquables qui n’a pas d’équivalent en Côte de Nuits. Sauf Lavaut-Saint-Jacques en ‘Deuxième Cuvée’, les trois autres climats nommés furent classés en ‘Première Cuvée’ par Jules Lavalle en 1855. Outre ces derniers climats, seuls des climats actuellement en Grands Crus furent classés en Première et Deuxième Cuvées par Jules Lavalle.

Voici notre propre classement des climats en Premiers Crus, laquelle découle de la consultation des classements historiques (faisant l’objet d’un onglet distinct) et de nos propres dégustations:

Niveau Grand Cru: Clos Saint-Jacques
Premier Cru remarquable: Les Cazetiers
Premiers Crus supérieurs A: Lavaut-Saint-Jacques, Estournelles-Saint-Jacques,
Premiers Crus supérieurs B: Fonteny, Poissenot
Premiers Crus: autres Premiers Crus, sauf Aux Combottes, énigmatique climat.

Rappel: Clos Saint-Jacques: couverture détaillée sous l’onglet: ‘Clos Saint-Jacques: tout savoir

Toujours est-il …
… qu’ils n’auraient certainement jamais imaginé cela de leur vivant.
Virtuellement aucun nom de famille des vignerons actuels n’apparait dans la nomenclature des propriétaires de l’ouvrage détaillé ‘Les grands vins de Bourgogne’ de Charles Aubertin et René Danguy édité en 1892; les vignes de Gevrey étaient alors détenues majoritairement par des bourgeois et des parlementaires dijonnais. Des noms de vignerons apparaissent toutefois dans la nomenclature de ‘Le vin de Bourgogne’ de Camille Rodier publié en 1920. La donne avait changé dans l’intervalle; les vignerons accédaient depuis peu à la propriété de parcelles, même sur les plus réputés crus. En Bourgogne, l’industrie du vin n’ayant pas vraiment prospéré pendant la première moitié du 20e siècle, ceux-ci n’étaient alors clairement pas animés par le gain ou la spéculation. En revanche, ils étaient certainement exaltés par les perspectives d’acquisition de vignes estimées. Ils ont été déterminés, éventuellement pugnaces et/ou rusés. Leurs vins étant alors commercialisés par le négoce, ils n’ont pas connu la notoriété, encore moins la célébrité, chose dont jouissent leurs héritiers actuels en charge du vignoble familial. Ils n’ont jamais cru, même imaginé, que le marché des crus de La Côte s’emballerait un jour; que les vins des Grands Crus deviendraient des biens de luxe. Voilà que leurs descendants de la prochaine génération, même actuels dans maints cas, contempleront, voire contemplent déjà, la formidable valeur financière du patrimoine familial. Les vénérables vignes seront − sont déjà−  certainement nombreuses à passer aux mains des riches; les vendeurs devenant eux-mêmes des riches. Bref, les Armand Rousseau, Arthur Trapet, Félix Tortochot et autres, les pionniers de la propriété vigneronne à Gevrey, ne l’ont certainement jamais imaginé de leur vivant!


3 ⇒ Secteur ‘Côte Saint-Jacques / climats sur le dévers Nord du débouché de la Combe de Lavaux’

Les deux secteurs de la Côte Saint-Jacques:
Secteur ‘Côte Saint-Jacques / climats situés sur le dévers Nord du débouché de la Combe de Lavaux’: Climats La Romanée, Les Verroilles, Poissenot, Estournelles-Saint-Jacques et Lavaut-Saint-Jacques; soit les climats situés sur le dévers (le flanc) Nord du débouché de la Combe de Lavaux (Combe de Lavaux avec un ‘x’, tandis que Lavaut-Saint-Jacques le plus souvent avec un ‘t’). Secteur sous l’influence des courants généralement plus froids canalisés dans le ‘couloir’ de la combe Saint-Jacques et caractérisé de plus, favorablement, par une exposition générale Sud-Sud-Est. Une seconde combe, de peu d’envergure, la Combe de la Bossière, débouche sur Les Verroilles.
Secteur ‘Côte Saint-Jacques / climats situés dans l’axe général de La Côte de Nuits’: Les Cazetiers, Petits Cazetiers, Combe au Moine, Goulots et Champeaux; secteur bénéficiant d’une exposition à l’Est, à l’instar de l’exposition générale du versant de la Côte de Nuits.
♦ Le climat Clos Saint-Jacques occupe en quelque sorte la position de pivot, d’inflexion, entre les deux secteurs.

Les climats de (toute) la Côte Sain-Jacques.

 

Cliquez sur les illustrations pour les agrandir.

Secteur ‘Côte Saint-Jacques / climats situés sur le dévers Nord du débouché de la Combe de Lavaux’

Les Premiers Crus Clos Saint-Jacques, Cazetiers, Lavaut-Saint-Jacques et Estournelles-Saint-Jacques forment une concentration de 26,7 hectares de terroirs remarquables qui a peu d’équivalent en Côte de Nuits. Sauf Lavaut-Saint-Jacques en ‘Deuxième Cuvée’, les trois autres climats nommés furent classés en ‘Première Cuvée’ par Jules Lavalle en 1855. Outre ces derniers climats, seuls des climats actuellement en Grands Crus furent classés en Première et Deuxième Cuvées par Jules Lavalle.

Géologie: présence des mêmes formations lithologiques que le versant des Grands Crus, toutefois selon une séquence distincte: Calcaire argileux, Oolithe Blanche, Calcaire à entroques et Marnes à Ostrea acuminata.
Trait(s) physiographique(s) spécifiques: position sur le flanc Nord du débouché de la Combe de Lavaux.
Exposition générale: Sud-Sud-Est.
Dénivelé: créneau de ±60 mètres, entre les altitudes, élevées, de ±290 mètres et ±350 mètres.

Clos Saint-Jacques (6,70 ha): couverture détaillée sous l’onglet:Clos Saint-Jacques: tout savoir

Lavaut-Saint-Jacques (9,53 ha): ‘Saint-Jacques’ fut accolé au nom Lavaut dans le cadre du ‘théâtre’ judiciaire ayant fixé les Appellations d’Origine (AO et non pas AOC) du finage de Gevrey-Chambertin au début des années 1930. Dans la première classification référentielle produite, en 1855, Jules Lavalle désigne ce climat en Deuxième Cuvée, ainsi au même rang que plusieurs climats de Gevrey classés en Grands Crus. Il figure en cinquième rang du ‘Top 25’ des Premiers Crus en vins rouges de La Côte, révélé dans l’édition no 51 d’avril/mai 2003 de la revue ‘Bourgogne Aujourd’hui’; c’est dire son excellente réputation.
Son assise géologique est surtout formée de Calcaire argileux. Cependant la roche-mère d’une bande non négligeable à l’orée de la combe est constituée d’éboulis nommés grèzes litées, une formation observée çà et là ailleurs sur La Côte en des climats réputés (Les Grèves de Beaune, Les Rugiens-Hauts, Le Clos du Roi de Marsannay, etc.) Cette donne géologique indiquerait qu’il y a deux versions de vins issus de ce cru.
Son exposition est tournée au Sud-Sud-Est. Entre les niveaux altitudinaux 290 et 315 mètres; sa pente est très irrégulière. Lavaut et Estournelles, au dessus, sont conjointement en contact avec le Clos Saint-Jacques. L’air généralement plus froid circulant dans la Combe de Lavaux, particulièrement l’écart plus marqué jour-nuit, est compensé par son excellente exposition.
Notre expérience en vins de ce cru se limite à ceux du Domaine Confuron-Cotetidot, des vins tendus, raffinés et texturés (‘huileux’). Jasper Morris (‘Inside Burgundy’) leur attribue des qualités de précision et d’élégance. Indiscutablement parmi les meilleurs Premiers Cru de la Côte de Nuits.

Estournelles-Saint-Jacques (2,04 ha ): Comme pour Lavaut-Saint-Jacques, ‘Saint-Jacques’ fut accolé au nom Estournelles dans le cadre du ‘théâtre’ judiciaire ayant fixé les Appellations d’Origine du finage de Gevrey au début des années 1930.
Estournelles et Lavaut, au dessous, sont adossés au fameux Clos Saint-Jacques. Lavaut se termine à l’altitude 315 mètres et là débute Estournelles, lequel s’allonge jusqu’à l’altitude très élevée de 340 mètres; son exposition est Sud-Sud-Est. Sa roche-mère est formée de Calcaire à entroques, avec une lamelle de Marnes à Ostrea acuminata en lisière supérieure, comme la partie haute du Clos Saint-Jacques. Perché et encore plus près de la Combe de Lavaux que le Clos Saint-Jacques, son régime climatique est plus froid.
Les petits climats sont généralement moins connus − moins d’exploitants − que les grands le sont; Estournelles est ainsi peu connu. Ayant été classé en ‘Première Cuvée’ par Jules Lavalle, son potentiel serait élevé.
Quant à ses vins, nous ne pourrions pas dire mieux que Jasper Morris (‘Inside Burgundy’): “The wines are not quite as deep or complex as the best of Clos Saint-Jacques, but capable of charm, perfume and delicacy.” Un cru remarquable à la notoriété discrète.

Les Verroillles (plus précisément: climat Clos des Varoilles comprenant les deux lieux-dits: Les Verroilles (5,97 ha) et Etournelles (0,06 ha)): Quelle est le réel potentiel de ce climat assez étendu qui ‘nous’ semble dans l’ombrage de ses renommés voisins? Sa cote historique est élevée, ‘Première Cuvée’ par Jules Lavalle, ce qui est loin d’être banal. Étant le premier climat important situé immédiatement en sortie de la combe, il est directement soumis aux courants d’air frais circulant dans ce couloir. En revanche, son exposition est tournée au Sud. Sa géologie montre trois formations typiques de la Côte Saint-Jacques: Oolithe Blanche au bas, Calcaire à entroques au centre et une bandelette de Marnes à Ostrea acuminata tout au haut.
Il appartient, en Monopole, au Domaine des Varoilles, une propriété du suisse Gilbert Hammel, qui possède également le petit climat adjacent placé au dessus, La Romanée. Hammel est un nom moins connu et réputé que ceux, bien locaux (localisés à Gevrey), des Rousseau, Trapet, Clair, Humbert, … Aussi, le domaine est absent des principaux guides prisés des œnophiles, tout comme rien n’est dit concrètement sur les vins des Verroilles dans les diverses couvertures du vignoble de Gevrey, tel ‘Chambertin’ de Bazin et les monographies sur La Côte de Meadows et Morris (‘tannic wines‘). Jacky Rigaud (‘Gevrey-Chambertin, Joyau du terroir’) ne nous situe guère davantage sur les vins des Verroilles en les décrivant comme suit: “Un cru naturellement équilibré, plus en texture qu’en corps peut-être, mais avec une élégante souplesse et une longueur appréciable.”

Propriétaire de longue date du renommé climat Clos des Perrièrres de Fixin, les Joliet ont longtemps possédé, au 19e et 20e siècles, des vignes sur Gevrey-Chambertin, notamment le Clos des Varoilles, alors nommé Verroilles. La maisonnette perché au haut du versant est toujours dans le décor actuel.

Autres climats: Poissenot (2,20 ha), La Romanée (1,06 ha) et Clos du Chapitre (0,98ha)



 

4 ⇒ Secteur ‘Côte Saint-Jacques / climats situés dans l’axe général de La Côte’

Les climats de (toute) la Côte Sain-Jacques.

Cliquez sur les illustrations pour les agrandir.

 Secteur ‘Côte Saint-Jacques / climats situés dans l’axe général de La Côte’

Ce secteur de la Côte Saint-Jacques est situé dans l’axe général de la Côte de Nuits, soit Nord-Nord-Est/Sud-Sud-Ouest.
Le Clos Saint-Jacques fait en quelque sorte la transition entre ce secteur et celui des climats du dévers Nord du débouché de la Combe de Lavaux.

Géologie: dominance du Calcaire à entroques, avec une bande de Marnes à Ostrea acuminata tout au haut du versant viticole.
Trait(s) physiographique(s) spécifique(s): position sur l’axe général de La Côte de Nuits, soit Nord-Nord-Est/Sud-Sud-Ouest.
Exposition: Est
Dénivelé: créneau de ±70 mètres, entre les altitudes, très élevées, de ±290 mètres et ±360 mètres.

Les Cazetiers (8,43 ha): Le Clos Saint-Jacques et Les Cazetiers sont les seuls premiers crus du finage de Gevrey ayant été positionnés en Première Classe par Jules Lavalle. Jasper Morris (‘Inside Burgundy’ 2010) le désigne de ‘outsanding Premier Cru’. Il figure aussi dans le Top 25 des Premiers Crus rouge de la Côte de la revue ‘Bourgogne Aujourd’hui’ (édition no 51 d’avril/mai 2003). C’est notre Premier Cru chéri sur Gevrey.

Exposé à l’Est-Sud-Est, son dénivelé de 55 mètres est fort, entre les altitudes 300 et 355 mètres. Bien qu’assez faible au bas, sa pente générale est marquée, ±15% au milieu du coteau, ±20/25% en partie haute.
Il s’appuie sur du Calcaire à entroques, une bande d’Oolithe Blanche le traversant en son centre.
Les vins: À patienter minimalement dix ans pour pleinement révéler leur potentiel, les vins actuels des Cazetiers représentent l’antinomie de la réputation séculaire (vins robustes) de Gevrey: raffiné, texturés, avec une agréable viscosité qui est un attribut des meilleurs climats. Peut-être le Premier Cru le plus mésestimé de la Côte de Nuits.

Combe au Moine (4,77 ha): Sauf sur un liséré de Marnes à Ostrea acuminata tout au haut, son soubassement est formé de Calcaire à entroques. Quelque peu entaillé à son sommet par une mini combe, son dénivelé est de ±35 mètres, entre les altitudes très élevées de ±325 mètres à ±360 mètres. Ce climat comporte singulièrement de profondes empruntes d’excavations; les parois de carrières médiévales sont nettement visibles. Ce serait un euphémisme de souligner l’irrégularité de la pente. Ces carrières sont cependant des fours solaires et le raisin y mûrit bien. Jacky Rigaud (Gevrey-Chamberin, Joyau du terroir) écrit que “les puissants abbés de Cluny (les seigneurs de Gevrey au Moyen-Age), qui construisirent le château fort à ses pieds au 10e siècle, l’exploitèrent jusqu’à la Révolution…”. Dans son ouvrage monumental ‘Le vignoble de la côte bourguignonne’ (1967), Rolande Gadille indique que le Calcaire à entroques était un matériau de construction privilégié. Il n’y qu’un pas à faire pour concevoir que le Château de Gevrey, en contre-bas du lieu-dit Combe au Moine, est bâti de pierres qui en sont issues. Ce contexte n’est pas inusité puisque un grand nombre de carrières jalonnent La Côte, entres autres sur des terroirs nobles. À ces endroits, de la terre y a donc été transportée, substantiellement. Quelle bagne ce fut sans engins motorisés. Et d’où migre cette terre? Ceci dit, la Combe au Moine est classée en ‘Troisième Cuvée’ par Jules Lavalle.
Les vins de Combe au Moine: peu à voir avec le raffinement des vins du voisin Les Cazetiers.

Un et l’autre appartenaient aux seigneurs de Cluny au Moyen-Age: l’endroit du lieu-dit Combe au Moine (photo de gauche) et le Château de Gevrey-Chambertin. Nous pensons que les pierres extraites de la Combe au Moine ont servi à la construction du Château; une distance  ±400 mètres sépare les deux points.

Les Champeaux (6,68 ha). Climat perché entre 330 et 350 mètres d’altitude et regardant à l’Est, sur une roche-mère exclusivement de Calcaire à entroques. Il est bien connu étant donné sa taille assez importante et le nombre de ses exploitants, près d’une dizaine. Jacky Rigaud (Gevrey-Chamberin, Joyau du terroir) décrit bien son paysage … sans évoquer le mot ‘carrière’: “…secteur encore sauvage, mouvementé, avec ses meurgers (amoncellement de pierres), sa cabote et ses murs de pierres sèches. Certaines vignes semblent même avoir été créées en terrasses.” Bref, le sol y bien peu épais, caillouteux.
Jacky Rigaud  parait enthousiaste en écrivant “que l’intensité du fruit et la noble consistance en bouche, lui donnent l’assurance du Grand Cru.” Ou est-ce Jasper Morris qui voit (boit) juste: “without the precision and the nobility of the finest.”
Nous pensons que l’intense fruité des vins du cru s’accompagne d’une  expression minérale distinguée, finement acidulée, rendue par la maigreur du sol à cet endroit. Toujours est-il que Jules Lavalle classe Les Champeaux en ‘Troisième Cuvée’.

Autres climats: Petits Cazetiers (0,96 ha) et Les Goulots (1,81 ha)



 

5 ⇒ Secteur situé au pourtour Sud-Ouest du village

Ce secteur prolonge au Nord l’axe des Grands Crus. Ce milieu tangue quelque peu vers le Nord étant donné sa proximité avec le dévers Nord du débouché de la Combe de Lavaux; son exposition est Est-Nord-Est.

Les Corbeaux (3,21 ha): Climat mystérieux en un certain sens car doté de la même assise géologique, Ooltihe Blanche, que son illustre voisin, le Grand Cru Mazis, plus précisément le lieu-dit Mazis-Bas, qu’il prolonge vers le Nord dans le même créneau altitudinal, 275/285 mètres. Toutefois, sa pente est plus douce et il incline faiblement vers le Nord. Une caractéristique qui, même si de mince influence, détermine des vins moins substantiels, moins complets.

Fonteny (3,73 ha): Climat qui prolonge le Grand Cru Ruchottes, précisément le lieu-dit Ruchottes du Bas. Leur roche-mère est respectivement l’Oolithe Blanche. Le Fonteny incline progressivement vers le Nord; il est moins solaire. Près des Ruchottes, le Clos de Fonteny représente certainement la plus belle partie du climats.

Autres climats: Champonnet (3,32 ha) et Issarts (0,62 ha) sont placés sur la terminaison du dévers Nord de la combe de Lavaux. Champonnet incline doucement vers le Nord. Issarts a un plan assez plat pour un Premier Cru. Champonnet est en ‘troisième cuvée’ du classement majeur de Jules Lavalle; Issarts, minuscule climat détenu en monopole par la maison Faiveley, n’obtient pas de classement.



 

6 ⇒ Secteur sous les Grands Crus

Ce secteur est situé sous les Grands Crus Chapelle-Chambertin et Mazis-Chambertin.

• Du Nord au Sud: Au Closeau (0,53 ha), La Perrière (2,47 ha), Clos Prieur (1,98 ha), Cherbaudes (2,19 ha), Petite Chapelle (4,00 ha) et En Ergot (1,17 ha).
Exposés à l’Est, ils sont tous caractérisés par une faible déclivité, entre 2% à 3%. L’assise géologique des trois premiers climats est le Calcaire à Entroques; le Calcaire de Comblanchien pour les deux autres, En Ergot et Petite Chapelle.

Les Premiers Crus de ce secteur sont honnêtes. Enthousiaste dans la plupart de ses descriptions des vins des différents crus de Gevrey, Jacky Rigaud (‘Gevrey-Chambertin, joyau du terroir’, 2008) apparait plus concret avec ceux-ci. Notamment, au sujet du Clos Prieur: “C’est un vin facile, aime t-on à dire à Gevrey, plaisant, souple et tendre...” “Délicat” pour Cherbaude”. Bref, des Premiers Crus dotés d’une certaine densité et souples.



 

7 ⇒ Aux Combottes et Bel-Air

Deux Premiers Crus singuliers, curieux: Aux Combottes et Bel-Air. Aux Combottes est en quelque sorte une brèche dans l’axe des Grands Crus qui s’étire du Clos de Bèze au Bonnes Mares de Chambolle-Musigny. Au dessus du Clos de Bèze mais adossé à Ruchottes-Chambertin, Bel-Air comprend une partie basse en Premier Cru et une partie haute intégrée à l’AOC communale.

Aux Combottes (4,57 ha): En 1930, lorsque les Appellation d’Origine (AO) furent fixées, judiciairement, sur Gevrey-Chambertin, le Syndicat des producteurs du Chambertin (Chambertin et Clos de Bèze) accepta que “le qualificatif de Chambertin puisse être ajouté au nom propre de crus (immédiatement) contigus au dit vignoble situé sur le territoire de la commune de Gevrey-Chambertin, ci-après limitativement désignés, savoir: Latricières, Mazoyères, Charmes, Griotte, Chapelle Mazy Haut et Bas”. Du coup, le syndicat s’opposait indirectement à l’inclusion de Aux Combottes dans cet essaim devenu par la suite une constellation de Grands Crus. Cette ligne syndicale a prévalu face à la Justice. Il importe de souligner que les parcelles de Aux Combottes étaient alors toutes détenues par des vignerons de Morey-St-Denis (lire des non résidents de Gevrey), dont aucun n’aurait été un des exploitants du Chambertin et membre du Syndicat des producteurs de ce cru. La fixation d’une AO ‘Combottes-Chambertin’ en 1930 eut été manifestement permutée en 1937 en AOC Grand Cru.
Aux Combottes est la seule brèche de l’axe continu de Grands Crus entre le Clos de Bèze et les Bonnes Mares de Chambolle-Musigny, soit sur une distance de près de quatre kilomètres. Iniquité, ou pas? Le rapport géologique produit en 2010 par la géologue Françoise Vannnier (physiographie/géologie de Gevrey-Chambertin) indique qu’une proportion d’un peu moins de 50%, au bas du climat, repose sur du Calcaire à Entroque, formation observée aussi en partie basse du Chambertin; et que l’autre portion est formée de ‘grèzes litées’, une formation d’éboulis qui n’est observée qu’à cet endroit du versant Nord de Gevrey, celui des Grands Cru. Comme le Chambertin, Aux Combottes est exposé plein Est. Son dénivelé de 17 mètres, entre les altitudes ±270 et ±287 mètres, est moindre que le Chambertin, qui est de 30 mètres entre les niveaux ±275 et ±305 mètres. Sa pente est moins marquée, en moyenne de 7%, toutefois presque nulle en partie basse du climat, comparativement à une pente, soutenue, en moyenne de 11% pour le Chambertin.
Bilan sommaire: la bande de ±50 mètres en partie inférieure de Aux Combottes, représentant 20/25% de sa superficie, comporte une pente infime. Ce handicap de déclivité serait important quant à l’insolation et au drainage. Par ailleurs, il n’est pas démontré, empiriquement, que la formation de ‘grèzes litées’ représente une assise de Grand Cru, bien qu’elle soit l’assise d’excellents Premiers Crus (des ‘grèzes litées’ sont constatées ailleurs, entre autres, sur les Rugiens de Pommard, cependant pas sur le fameux Rugiens-Bas; les Grèves de Beaune, …).
Les vins: Les parcelles du cru étant surtout divisées entre parties haute et basse, il y aurait plausiblement deux versions de vins correspondant respectivement aux deux zones géo-physiologiques. Il n’est pas à prévoir que cette hypothèse soit vérifiée un jour prochain. Arrêtons-nous ici.

Bel-Air (2,65 ha): Petit climat insolite pour plusieurs, qui aurait été replanté tardivement après l’infortune du phylloxera. Nous ne sommes pas de l’avis de Jasper Morris qui le classe au niveau ‘communal’, plutôt que Premier Cru. Il le décote en raison ‘the high, cool situation and steep slope on thin soil, mostly white marl‘. Suivant ce commentaire, le Grand Cru Ruchottes, immédiat voisin, devrait également être recalé puisque sa géologie et son profil physiographique est identique. Tout comme Clive Coates, nous n’en connaissons pas les vins.



→ Bibliographie

Voir ‘La Côte (d’Or): bibliographie

 

‘Gevrey-Chambertin’: AOC singulière ← Onglet précédent     Onglet suivant → Clos Saint-Jacques: tout savoir