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Pommard: breffage

Révisé en février 2023

Sous cet onglet:
1⇒ Mise en contexte
2 ⇒ Climats et secteurs
2-A → Les climats
2-B →  ‘Lieux-dits’ versus ‘climats’ du secteur Epenots, gentil micmac
2-C→  Les secteurs du finage
3 ⇒ Le finage au sein de La Côte
4 ⇒ La réglementation
5 ⇒ La nomenclature des classements historique
→ Bibliographie

 

1 ⇒ Mise en contexte

L’origine du village serait antérieure au Moyen-Age. Des découvertes de fondations romaines et de monnaies impériales datant du tout premier millénaire indiqueraient que le sol pommardois était occupé lors de la domination romaine.
L’important auteur Jules Lavalle (1855) souligne dans son ouvrage sur La Côte que “comme à Beaune et dans le reste de cette côte, le plus grand nombre des vignes de Pommard, depuis le 11e ou le 12e siècle, ont appartenu aux princes ou aux ordres religieux.”

Outre les quelques commerces du centre du village et le tourisme, particulièrement celui associé au Château de Pommard, l’activité économique n’y est que viticole.

Un jugement de 1926 a fixé l’Appellation d’Origine (AO) ‘Pommard’ aux vins issus exclusivement du territoire de la commune de Pommard. Un jugement subséquent, en 1932, complète le premier en limitant le droit à l’appellation ‘Pommard’ aux seuls vins issus de pinot noir.
L’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) ‘Pommard’ est reconnue en 1936. En 1943, les Premiers Crus de Pommard sont fixés. Cette liste de Premiers Crus s’appuie particulièrement sur le plan du Comité d’Agriculture et de Viticulture de Beaune de 1860. (Nous vous incitons à parcourir Histoire de Bourgogne / 20e siècle’ pour apprendre sur les décennies de construction des appellations.)

La première maison de négociants est fondée à Beaune en 1720, la maison Champy. La fondation de la maison Bouchard suit en 1731. Les négociants émanent de la profession des commissionnaires. Assermentés, le rôle de ces derniers consistait à faire des achats et organiser la logistique d’expéditions pour le compte de clients étrangers. Au 18e siècle, dans la foulée de la libération des marchés, les négociants prennent le contrôle du marché du vin. Un aspect particulier de leurs pratiques commerciales des 17e et 18e siècles va fixer le concept des vins de La Côte tel qu’on le connait aujourd’hui: une myriade d’appellations communales et de crus. Les négociants mettent en valeur au cours de cette période des noms de marques à des vins standardisés, c’est à dire dont les marques correspondent chacune à un type de vin que la clientèle reconnait et veut voir être constant, de millésime en millésime. Destinée particulièrement au marché ‘haut de gamme’, une gamme de marques fait valoir des noms finages et de crus − Gevrey-Chambertin, Chambertin, Les Saint-Georges, Pommard, … − en guise de dénominations de produits. Ces vins de marques sont élaborés selon le principe d’équivalence: pour rencontrer avec constance les caractéristiques propres à chacune d’elle, la provenance des raisins et les intrants à la réalisation des vins peuvent et sont diversifiées. Ce sont ainsi les négociants qui, en pérennisant leurs pratiques de ‘marketing’, institutionnalisent en quelque sorte l’usage, nombreux, des noms de crus et de finage. Les Lois du début du 20e siècle sur les Appellations d’Origine les contraindront, en dépit de leur forte opposition, à lier intégralement le nom du cru, ou du finage, à l’origine des raisins.
Longtemps, même après l’avènement des Appellations Contrôlées, le ‘Pommard’ fut produit pour correspondre à l’image établie anciennement par les négociants de vin, celle d’un vin coloré, solide, tannique.

À l’entrée au Nord (sortie de Beaune) sur le territoire de Pommard, la D974 se divise vers le Sud au rond-point nommé ‘le guidon de Pommard’. La route menant à Chagny prolonge la D974, tandis que la D973 prend la direction de Autun, en traversant en premier lieu Pommard. Dès ‘le guidon’ débute le périmètre du vignoble de Pommard. La D973 longe immédiatement et successivement les Premiers Crus Les Petits Epenots, Les Grands Epenots et le Clos Blanc. Les murs de célèbres clos, nommément le Grand Clos des Epenots (Domaine de Courcel) et le Clos des Epeneaux (domaine éponyme) bordent littéralement la route. La route traverse ensuite le village; elle y est très étroite. Nous soulignons à ‘Visiter La Côte’, qu’une halte au cœur de Pommard est un moment agréable et que la visite du Château de Pommard peut-être une destination attrayante, selon vos intérêts (voir l’onglet ‘Château de Pommard’).
Nulle part ailleurs en Côte d’Or, des vignes ‘nobles’ − nommément les Premiers Crus Les Petits Epenots et Les Grands Epenots, délimités au Sud-Est par D973 −  ne sont aussi près de routes de transit qu’à Pommard.

Immédiatement à l’entrée de Pommard, sur la Place de l’Europe, quelques commerces et restaurants avec leurs terrasses accueillantes.
La photo de gauche montre la chocolaterie (mention ‘appellation’ au mur) et le caviste ‘Les Domaines de Pommard’.

La photo de droite montre la face principale du Château de la Commaraine depuis l’extrémité Nord-Est de son vignoble, le Clos de la Commaraine, un climat en Premier Cru. Ce dernier château, le château de Pommard et le château Monge, les deux derniers étant associés un à l’autre, sont les grandes demeures de Pommard. La vue du monumental clocher de l’église est immanquable de partout.

Davantage que dans tous les autres villages de La Côte, l’église de Pommard est un véritable phare. Construite initialement en 1350, elle fut reconstruite sur le même site en 1754, puis le clocher refait en 1780. Ce clocher, élevé tel un beffroi, est le seul de forme carré de toute La Côte. On l’aperçoit immanquablement de partout à la ronde. Un nouvel aménagement l’entoure depuis 2017 et les rues qui la bornent affichent des adresses de domaines célèbres, comme une cours d’honneur: Clos des Epeneaux/Comte Armand, de Courcel, Parent, Lejeune, …

Le clocher de l’église de Pommard.

L’ensemble du Château de Pommard est un joyau de la commune. Situé au pied du versant, le Château de Pommard est l’intendance d’un vignoble muré − presque une muraille − d’une superficie de plus de vingt hectares d’un seul tenant; un contexte unique sur La Côte. Cette photo aérienne du Château de Pommard et de ses annexes fut captée sur le web, sans source mentionnée. Le Château est l’immeuble aux quatre cheminées. Le carré de vignes au haut de la photo, à droite, est hors du périmètre du vignoble du Château; il s’agit d’une vigne appartenant au Domaine Jean-Marc Boillot. À gauche sur la photo, le Jardin à la Française, accessible au public, est rattaché à la propriété. Un autre manoir, nommé celui là Château Marey-Monge, appartient à l’ensemble. Il est distant de 200 mètres du Château ‘principal’ et n’est pas visible sur la photo. Un onglet porte exclusivement sur le Château de Pommard.

Prenant sa source dans les Hautes Côtes, le ruisseau La Vandaine, ou encore l’Avant-Dheune, traverse le village d’Ouest en Est. Ce cours est un affluent de la Dheune, le plus important débit d’eau de la Côte d’Or. L’Avant-Dheune parcourt le talweg de la vallée encaissée qui fractionne géographiquement Pommard en deux parties, dites ‘côté Beaune’ et ‘côté Volnay’.

Le paysage de Pommard en 3D. Une boussole figure au haut, à droite.
Les aires circonscrites par des traits de couleur orange sont celles des Premiers Crus, tandis que celles découpées en jaune sont en AOC ‘Pommard’ village.
La vallée de l’Avant-Dheune sépare le finage en deux parties, ‘côté Volnay’ et ‘côté Beaune’. En fait, cinq parties composent le vignoble, tel que décrit plus bas dans ce texte.



2 ⇒ Climats et secteurs

2-A → La carte des climats

Carte tirée de l’essentiel ouvrage de Sylvain Pitiot ‘Climats et lieux-dits des grands vignobles de Bourgogne’ (2012).

L’Atlas des Climats et Lieux-dits des Grands Vignobles de Bourgogne de Sylvain Pitiot (2012) énumère 27 climats en Premiers Crus. Le décret d’appellation en désigne plutôt 28, les deux Rugiens y étant distingués et en quelque sorte officialisés: Rugiens-Bas et Rugiens-Hauts.
Seulement neuf Premiers Crus ont respectivement une superficie supérieure à cinq hectares, alors que seuls Les Grands Epenots et Les Petits Epenots couvrent chacun plus de dix hectares.



 

2-B →  ‘Lieux-dits’ versus ‘climats’ du secteur Epenots, gentil micmac

 

Les lieux-dits et les climats sont de plus en plus différenciés sur La Côte. Le décret d’appellation de Pommard nous apprend qu’il y a lieu de distinguer trois climats dans le périmètre figurant sur l’illustration puisque le Clos des Epeneaux est bel et bien un climat. ‘L’Atlas des Climats et Lieux-dits des Grands Vins de Bourgogne’ (2012) de Sylvain Pitiot clarifie la situation en illustrant les configurations respectives des lieux-dits et des climats de ce secteur du finage de Pommard. Emmêlons la situation en soulignant que la plupart des producteurs sur les climats Les Petits Epenots et les Grands Epenots en désignent les vins sous la simple dénomination ‘Epenots’. Par ailleurs, avez-vous remarqué que le climat Clos des Epeneaux est inscrit très majoritairement dans le lieu-dit Les Petits Epenots et minoritairement dans le lieu-dit Les Grands Epenots! Ce gentil micmac est bien bourguignon!


2-C→  Les secteurs du finage

Cliquez sur la carte pour l’agrandir.
Pour comprendre aisément le tableau qui suit:

Les lignes de niveau apparaissant sur l’illustration permettent d’appréhender la topographie des secteurs de Pommard. Le finage se subdivise en cinq secteurs.

Les climats logés en coteau sur le front de La Côte − c’est à dire sur son axe principal Nord-Sud (plus précisément N-N-E / S-S-O) − déterminent deux concentrations, une de chaque côté de la vallée: la concentration du côté de Beaune (Premiers Crus Epenots, Pézerolles, Argillières, … et quelques climats homologués en village dont les Noizons); et la concentration du côté de Volnay (Premiers Crus Rugiens, Jarolières, Fremiers, … et aussi quelques climats homologués en village dont Les Vaumuriens …);

Les flancs de la vallée déterminent deux secteurs: un flanc favorablement exposé au Sud-Ouest, comprenant des climats en Premiers Crus: Chanières (entièrement), Platière (entièrement), Arvelets (entièrement) et Charmots (partiellement); l’autre flanc moins bien exposé, au Nord-Est, dont les climats sont tous en AOC Pommard (En Marots, Trois Follots, La Vache, …) ou en appellation régionale.

Un secteur regroupe les climats placés à la base du versant, grosso modo à l’altitude ±240 mètres, lesquels sont tous homologués en appellation village. L’important vignoble du Château de Pommard occupe ce secteur.



 

3 ⇒ Le finage au sein de La Côte

Le finage de Pommard totalise 336 hectares, une superficie moyenne sur La Côte.
La superficie totale des 28 Premiers Crus, 125,2 hectares, est cependant une des plus importantes. Les finages ayant des superficies supérieures en crus nobles, Premiers et Grands Crus, ne sont que ceux de Gevrey-Chambertin, Nuits-St-Georges/Prémeaux-Prissey, Savigny-les-Beaune, Beaune, Meursault et Chassagne-Montrachet.
Pommard n’a cependant pas de Grands Crus.
Bien que le fait ne soit pas inusité puisque aucun finage au Sud d’Aloxe-Corton ne détient de GC en vin rouge, la communauté viticole pommardoise entretient néanmoins depuis longtemps l’ambition d’obtenir un jour le rang de Grand Cru pour les Epenots (Petits et Grands) et Les Rugiens (voir ‘Epenots et Rugiens en GC?‘).

Tableau-synthèse des superficies par finage de La Côte.



 

4 ⇒  La réglementation (selon le décret d’appellation)

Couleur: essentiellement rouge.
Cépages: pinot noir; et éventuellement les cépages accessoires chardonnay, pinot blanc et pinot gris, selon un pourcentage maximal de 15% et si complanté (mélange de plants dans  les vignes).
Plantation: densité minimale à la plantation de 9000 pieds par hectare avec un écartement, entre les rangs, inférieur ou égal à 1,25 mètre et un écartement, entre les pieds sur un même rang, supérieur ou égal à 0,50 mètre. Les vignes sont taillées avec un maximum de 8 yeux francs par pied, en taille courte (vignes conduites en cordon de Royat, cordon bilatéral, gobelet et éventail), ou en taille longue Guyot simple.
Quelques règles de culture: La charge maximale moyenne à la parcelle est fixée à 9000 kilogrammes par hectare. Le pourcentage de pieds de vigne morts ou manquants est fixé, au maximum, à 20 %.
Rendements:
Pour la définition de rendement butoir.



 

5 ⇒ La nomenclature des classements historiques

• Classement de Jules Lavalle, 1855
Le Dr Jules Lavalle a rédigé ‘Histoire et Statistique de la Vigne et des Grands Vins de la Côte d’Or’ en 1855. L’ouvrage est une référence majeure car il contient le premier essai de classement complet des climats de la Côte d’Or. Ce classement est réalisé par commune. La catégorisation comprend cinq classes: ‘Tête de Cuvée’, ‘Première’, ‘Seconde’, ‘Troisième’ et ‘Quatrième Cuvée’. Jules Lavalle utilise aussi la mention ‘Hors Ligne’ en certains endroits, particulièrement pour le Clos de Vougeot, sur Corton et Prémeaux-Prissey. Il indique en page 92 de son ouvrage que les ‘têtes de cuvée‘ et les ‘hors ligne‘ sont dans la même classe, sans toutefois mentionner les particularités ou circonstances associées aux attributions de la cote ‘hors ligne’. Sur un aspect délicat de son classement, celui de l’éventuelle comparaison des classes identiques entre les finages, Jules Lavalle a écrit “Je n’ai étudié les vins de chacune des communes de la Côte comme si les autres communes n’eussent pas existé et la classification que j’ai donnée n’est vraie que pour chacune d’elles prises isolément.” Le monumental travail de Jules Lavalle contient aussi le premier exercice, rigoureux, de cartographie de La Côte.
Il est à souligner que Jules Lavalle ne surclasse pas les climats Rugiens et/ou Epenots. Il précise que “aucun climat n’est placé au-dessus des autres pour mériter d’être classé à part...”

• Classement du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’arrondissement de Beaune, 1860
Le Classement de 1860 du Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’Arrondissement de Beaune fut produit pour la promotion des vins de Bourgogne lors de l’exposition universelle de Londres de 1862. L’arrondissement de Beaune est un des cinq arrondissements de la Côte d’Or. Le classement a couvert tous les vignobles de la Côte sous sa juridiction, soit ceux situés entre Vougeot et Santenay. « L’enquête, méticuleuse et désintéressée, dressa un plan par commune. Le comité constata la valeur de crus reconnus par l’usage sans vouloir chercher aucune innovation. Ce classement désigne en Premières Cuvées celles qui donnent les meilleurs vins sous le triple rapport du bouquet, de la finesse et de la conservation. Les deuxièmes cuvées comprennent les vignes moins favorisées par le sol, l’exposition, la pente, l’altitude et qui, dans les bonnes années, peuvent donner des vins approchant des meilleurs. Les troisièmes cuvées comprennent les vignes qui se trouvent à l’extrême limite des bons climats et laissent à désirer, soit pour la finesse, soit pour la conservation. Le plan se refuse à établir une hiérarchie par commune et se borne à constater la gamme des valeurs dans chaque commune. » M. Peyre, ‘Le Vignoble de Bourgogne, la Question des Appellations’,1935

Le classement, en 1860, selon le Comité d’Agriculture et de Viticulture de l’Arrondissement de Beaune de 1860

Classement de Camille Rodier, 1920
Vers 1920, dans son ouvrage ‘Le Vin de Bourgogne’, Camille Rodier désigne tous les Premiers Crus actuels en ‘Première Cuvée’, sauf Les Grands Epenots et Clos Blanc qu’il range en Tête de cuvée.

• Autres classements intéressants
√ Denis Blaise Morelot
désignait en 1831 deux Têtes de Cuvée sur Pommard dans son ouvrage majeur ‘Statistique de la vigne dans le département de la Côte d’or’: ‘ Les Épeneaux’ (s’agit-il du Clos des Epeneaux inscrit principalement dans le climat Les Petits Epenots?) et le ‘Clos de Citeaux’ qui est inscrit dans le climat Les Grands Epenots.
√ Dans leur ouvrage de synthèse produit en 1891, ‘Les Grands Vins de Bourgogne, Classement par ordre de mérite, nomenclature des clos et des propriétaires’, les auteurs René Danguy et Charles Aubertin ne désignent aucun climat de Pommard dans les ‘Vins Hors Ligne’ de La Côte. Cependant dans leur couverture du finage de Pommard, ils indiquent que “parmi les plus renommés citons en première ligne la Cammarine, les Rugiens, les Epenots.
√ Classement de Jasper Morris, 2010

Dans son livre ‘Inside Burgundy’ de 2010 Jasper Morris attribue un classement à tous les climats homologués en Grands Crus et en Premiers Crus. Si de façon générale il soutient leur rang formel, il apporte çà et là des ajustements. Sur Pommard, Jasper Morris adjoint le superlatif ‘exceptional’ aux trois Premiers Crus ‘Les Petits Épenots’, ‘Les Grands Épenots’ et ‘Les Rugiens Bas’; et il atténue le rang des deux Premiers Crus ‘Clos du Verger’ et ‘Les Combes Dessus’ en les désignant en tant que ‘village or(ou) premier cru’.


→ Bibliographie

Voir ICI.

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